La
11ème édition du Forum de Carthage sur l’investissement n’a pas failli à ses
promesses. Mme Mongia Khemiri, directeur général de l’Agence de promotion de
l’investissement extérieur (FIPA), nous a affirmé que près de 1.000
personnes ont participé à cette manifestation. «Les entreprises étrangères y
ayant pris part sont au nombre de 430. Une trentaine de bureaux de conseil
ont été également présents ainsi qu’une vingtaine d’instances d’appui. Cette
année, nous avons misé sur la diversification : entreprises suisses, belges,
britanniques, italiennes, américaines, etc. Les Français sont venus en force
avec 130 entreprises spécialisées surtout dans l’aéronautique mais aussi
dans les TIC», a-t-elle souligné.
Il est clair les responsables tunisiens ont saisi plus que jamais l’occasion
pour vendre le site tunisien, tout en voyant dans la crise «un accélérateur
de tendances», indique Afif Chalbi, ministre de l’Industrie, de l’Energie et
des PME. Le ministre ne manque pas l’occasion pour signaler que la Tunisie a
tous les atouts pour satisfaire les investisseurs. «Le secteur des
industries électriques et électroniques est actuellement le premier
exportateur avec 3,5 millions d’euros. 400 entreprises européennes opérant
dans ce secteur sont implantées en Tunisie et on dénombre une vingtaine de
projets en cours de réalisation. Le secteur pourvoit aujourd’hui 30 mille
emplois», affirme-t-il.
Small is beautifull…
Hassen Zargouni, directeur général de Sigma Conseil, déclare être
impressionné par la forte présence des entreprises étrangères. «Ceci montre
qu’elles ont compris le message que la Tunisie veut transmettre : le remède
à la crise ne peut se faire que par le transfert des activités. Notre pays
est arrivé à une maturité industrielle qui fait que ses intrants sont
homologués au niveau international comme pour le cas d’Airbus où le produit
fini est désormais sur la chaîne de montage», affirme-t-il.
Devant l’audience, M. Zargouni précise, toutefois, que la Tunisie n’est
certainement pas un paradis. «L’infrastructure TIC est en cours
d’amélioration. De même pour les services administratifs. Mais comme on dit,
small is beautifull. Même si les problèmes existent, l’avantage est qu’ils
sont très vite résolus parce que nous sommes un petit pays», ajoute-t-il.
Du l’autre côté de la Méditerranée, on déclare être satisfait du niveau de
résistance de la Tunisie face à la crise. «La Tunisie a fait preuve de
résistance et de réactivité face au contexte international actuel. Ce qu’il
faut cependant améliorer et consolider, ce sont les structures de dialogue
entre le gouvernement et le secteur privé, selon un processus à long et
moyen terme. Ceci est susceptible de maintenir la Tunisie dans une position
favorable dans les années à venir», propose Anthony O’sullivan, président du
département du secteur privé à l’OCDE.
Hub de l’aéronautique… ?
Pour le secteur aéronautique, il est clair que la Tunisie attire de plus en
plus d’investisseurs dans ce domaine. «Les entreprises étrangères sont
encore impressionnées par l’implantation d’Aerolia en Tunisie. Ils ne
saisissent pas encore l’opportunité que ce groupe a saisi par cette
implantation», nous explique Mme Khemiri.
A ce jour, 47 entreprises aérospatiales sont présentes en Tunisie dont une
trentaine exclusivement aéronautiques. On en compte une moitié spécialisée
dans les pièces usinées. «L’entrée en production des premières unités
d’Airbus est prévue pour la fin 2009-début 2010. D’ailleurs, quatre
partenaires d’Aerolia s’implanteront en Tunisie courant 2010. Il s’agit de
sociétés qui s’occuperont de la sous-traitance des activités du groupe dans
l’usinage, la tôlerie, l’outillage et le composite», a déclaré Philippe
Cussonet, directeur général de SA Lactel et président de la GITAS. Le parc
d’Aerolia s’étendra sur une vingtaine d’hectares, coûtera près de 60 million
d’euros et engendrera près de 1500 emplois. «La Tunisie a sa carte à jouer
pour devenir une place forte de l’aérospatial», estime M. Cussonet.
Du côté d’Electropartner Tunisia, une entreprise italienne qui présente en
Tunisie depuis septembre 2008, et qui était en pleine crise, ne regrette pas
ce choix. «C’est notre façon à nous d’affronter la situation actuelle de
crise. Il fallait investir et saisir les opportunités. La Tunisie présentait
pour nous une bonne qualité en termes de structures industrialisées, une
bonne disponibilité de la main-d’œuvre, un service bancaire performant, des
avantages fiscaux, etc.», a affirmé Raphaele Selito, directeur d’Electropartner
Tunisia.
Cette entreprise spécialisée dans les installations électriques compte
démarrer ses activités de production en septembre 2010 et pourvoir une
centaine d’unités de travail. En 2011, la société entamera son plan
d’investissement de 2 millions d’euros. Pour cette année, elle compte
recruter près de 25 agents. «Nous misons également sur un programme de
formation des techniciens et des ingénieurs qui devront atteindre près de
25% de la force du travail», a ajouté M. Selito.
Peut-on donc dire que la 11ème édition du forum de Carthage sur
l’investissement a atteint son objectif, celui de faire du site Tunisie un
attracteur des investisseurs étrangers ? Pour répondre à cette question, il
faudrait attendre le bilan du Forum en termes de partenariats conclus
puisque qu’en termes de participation, on peut dire qu’il a réussi le pari,
dans le contexte actuel. Souhaitons donc bonne chance pour les responsables
tunisiens et pour les entreprises tunisiennes en quête de partenariats
fructueux.