Les constructeurs allemands lancent enfin leur première voiture hybride

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érence de presse à Stuttgart (Allemagne), le 14 février 2008. (Photo : Olivier Morin)

[26/06/2009 10:35:50] FRANCFORT (AFP) Le constructeur haut-de-gamme Daimler a lancé vendredi la commercialisation du premier modèle hybride allemand, avec près de dix ans de retard sur Toyota, leader du marché.

La limousine la plus vendue au monde et voiture préférée des chefs d’Etat, la Mercedes Classe S, est désormais disponible en Europe en version hybride, dotée de deux moteurs, l’un électrique et l’autre à essence pour économiser le carburant et moins polluer.

Le “champion du CO2 des voitures de luxe”, comme l’appelle le constructeur allemand, affiche tout de même une émission de CO2 de 186 à 189 grammes par kilomètre… et reste parmi les véhicules les plus polluants, très loin de la moyenne européenne d’environ 160 grammes.

Certes, mais le modèle standard le plus proche affiche une émission allant jusqu’à 234 grammes, argumente Daimler. Et ce n’est qu’un début: “nous voulons lancer chaque année au moins une version hybride”, selon un porte-parole interrogé par l’AFP.

C’est de toute façon une petite révolution à l’échelle de l’automobile allemande, spécialiste des grosses berlines, aux moteurs surpuissants, de Mercedes à Porsche en passant par Audi et BMW.

Porsche a promis son 4X4 Cayenne hybride au deuxième semestre 2010, BMW cette année avec sa berline Série 7, même s’il encore “trop tôt pour parler de façon détaillée de commercialisation”, selon une porte-parole.

“L’industrie allemande a dormi plusieurs années”, rappelle pour l’AFP Gerd Lottspiesen, expert automobile pour l’association écologiste spécialisée VCD. “Et elle n’a cessé de dénigrer les hybrides. Si elle y est enfin arrivée, c’est très tardif”, alors que Toyota a lancé voilà neuf ans sa Prius en Europe et une hybride de luxe via sa marque Lexus il y a quatre ans.

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à Détroit (Etats-Unis), le 12 janvier 2009. (Photo : Stan Honda)

“Pendant des années, l’automobile allemande n’a donné aucune chance aux hybrides… Mais, à un moment donné, sous pression du marché, l’industrie a changé d’avis”, abonde Stefan Bratzel, professeur dans un centre universitaire spécialisé dans l’automobile à Bergisch Gladbach (ouest).

Les allemands ont en effet longtemps choisi de tout (ou presque) miser sur le diesel, rappellent les deux spécialistes. Le marché national s’en ressent, dominé par le diesel “made in germany” et où les hybrides se vendent très peu. L’an dernier, ils ont représenté une part de marché de 0,2% avec 6.500 Toyota, Lexus ou Honda hybrides vendues, selon les chiffres du KBA.

A titre de comparaison, depuis son lancement, Toyota a vendu près de 22.000 Prius en France contre environ 17.000 en Allemagne, un marché automobile pourtant trois fois plus gros, selon des chiffres communiqués par Toyota.

“La Prius n’a encore jamais été un best-seller ici”, admet une porte-parole de Toyota Allemagne.

Mais le comportement des consommateurs, très attachés à leurs marques nationales, pourrait aussi changer si leurs constructeurs lancent des hybrides. “La tendance environnementale s’impose”, selon Frank Schwope, analyste de NordLB. Et Daimler en est un bon exemple.

Le groupe était jusque là considéré comme un des plus mauvais élèves en matière d’environnement. Mais depuis des mois, il affiche son volontarisme dans ce domaine. Il a récemment acquis une société de batteries et une part de 10% du constructeur américain de voitures électriques Tesla.

Un signe, pour les spécialistes du secteur, que les allemands pourraient cette fois être “en pointe” pour le prochain défi automobile: celui des voitures électriques.