Areva : l’Etat prépare l’entrée de nouveaux actionnaires au capital

[26/06/2009 14:54:29] PARIS (AFP)

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à l’entrée du site nucléaire de Romans-sur-Isère, le 18 juillet 2008. (Photo : Jean-Pierre Clatot)

L’Etat pourrait ouvrir le capital d’Areva à de nouveaux actionnaires et mettre en vente sa filiale Transports et Distribution pour financer les investissements du champion français du nucléaire, mardi lors d’un conseil de surveillance décisif.

“On s’achemine vers une augmentation de capital et la vente probable de T&D”, a confirmé une source proche du dossier.

A quatre jours de la réunion du conseil de surveillance, dirigée par son nouveau président Jean-Cyril Spinetta, “les grandes modalités” du financement d’Areva “sont arrêtées”, selon la même source.

D’après The Financial Times (FT), l’Etat français est prêt à réduire sa participation de plus de 90% actuellement à 75%, en ouvrant le capital d’Areva à des partenaires en Asie, au Proche-Orient et ailleurs.

Depuis le début de l’année, Areva et l’Etat s’échinent pour trouver les 8 à 10 milliards d’euros nécessaires aux investissements du groupe d’ici 2012, notamment pour le développement du réacteur nouvelle génération EPR.

A cela s’ajoute la nécessité de racheter la part de Siemens dans Areva NP, estimée à quelque deux milliards d’euros, le groupe allemand ayant choisi de rompre son alliance avec le groupe français pour s’allier au Russe Rosatom.

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çois Fillon, le 18 mai 2009 sur le site nucléaire de Tricastin (Photo : Philippe Merle)

Farouchement opposée à la vente de la filiale de transmission et distribution d’électricité (T&D), forte génératrice de cash, Anne Lauvergeon devrait finalement s’incliner.

Cette activité, estimée entre 3 et 5 milliards d’euros, ne rentre pas dans “le coeur de métier” d’Areva, selon l’Etat.

Le fonds Axa Private Equity s’est dit intéressé et GE pourrait aussi jeter un oeil au dossier.

Mais c’est surtout Alstom, propriétaire de cette division jusqu’en 2004, qui fait figure de favori. Il serait même prêt à s’allier avec Schneider Electric pour remettre la main sur T&D, avance le magazine l’Usine nouvelle.

Cette option a cependant été écartée par l’Elysée, a indiqué à l’AFP la secrétaire CFDT du comité de groupe européen, Maureen Kearney.

Le cabinet du président de la République a assuré à des représentants syndicaux qu’une éventuelle vente de T&D se ferait “d’un seul bloc” à un acquéreur “disposant des moyens de le développer”, a-t-elle ajouté.

En contrepartie d’une cession de T&D, la patronne d’Areva devrait obtenir gain de cause sur l’augmentation de capital qu’elle réclamait depuis des années.

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ée d’une usine Alstom (Photo : Frederick Florin)

Le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) qui fabrique des turbines de centrales et des équipements pour réacteurs a dit être prêt vendredi à étudier une entrée dans Areva.

Des fonds souverains, en particulier Mubadala d’Abou Dhabi, figurent aussi parmi les investisseurs en lice, selon le FT.

Ce scénario, évoqué depuis plusieurs mois par le quotidien financier londonien, avait été jugé, en mars, “pas loin de la vérité” par le vice-Premier ministre du Koweit, cheikh Jaber Moubarak Al-Hamad Al-Sabah.

L’entrée des champions français de l’énergie, EDF, Total ou GDF Suez, a aussi été avancée par la presse française.

Selon un analyste chez CM-CIC Securities, Patrice Lambert de Diesbach, un duo augmentation de capital/cession de T&D serait une “excellente nouvelle”, qui “permettrait enfin à la direction de gérer sa croissance avec davantage de liberté”.

A court terme, pour s’assurer quelques liquidités, Areva envisage aussi de se défaire d’actifs “non stratégiques”.

Le groupe détient en effet de nombreuses participations dans des groupes français: STMicroelectronics, Eramet, GDF Suez, Safran ou Total, cette dernière aurait déjà été vendue selon des informations de presse.