La Ciotat : la crise frappe aussi le monde des chantiers navals haut de gamme

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Photo prise le 17 juin 2009 sur le chantier naval de La Ciotat (Photo : Gerard Julien)

[29/06/2009 10:01:09] LA CIOTAT (AFP) Une entreprise navale qui licencie la moitié de son personnel, cela ravive de mauvais souvenirs à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) où le petit monde des chantiers aujourd’hui spécialisés dans le haut de gamme se veut pourtant optimiste malgré la crise.

H2X, premier employeur parmi la vingtaine d’entreprises sur le site des anciens chantiers navals reconvertis avec force aides publiques dans le yacht de luxe ou le catamaran, a annoncé le 9 juin vouloir supprimer 45 de ses 84 postes.

Des reports de commande et trois gros mauvais payeurs ont amputé le chiffre d’affaires qui était de 5M EUR en 2008, explique Maurice Klein, directeur du développement de H2X, contrôlé par le groupe français ixCore.

“On n’a pas bougé assez vite”, ajoute-t-il, il faut proposer des yachts “moins chers, où la technologie sera toujours présente mais avec beaucoup moins de bling-bling”.

La CGT trouve que la crise a bon dos: “ça fait longtemps qu’on est dans le rouge”, souligne Denis Guéret, secrétaire du comité d’entreprise, en réclamant une rencontre avec ixCore.

Compositeworks (21,3 M de CA), lui, a annoncé dès janvier neuf licenciements sur 75 salariés. En février le Néo-Zélandais Rig Pro Southern Spars fermait son antenne et licenciait douze salariés.

Pourtant, d’autres recrutent. Sailing Concept, spécialisée dans la maintenance de voiliers en composites et dirigée par le skipper français Alain Gabbay, a embauché trois personnes pour totaliser 13 salariés. “La crise, on l’a pas vue!”, commente le directeur technique Patrick Maurel.

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é le 17 juin 2009 (Photo : Gerard Julien)

Et des anciens de Southern Spars, dont le skipper suisse Gerald Rogivue, veulent reprendre l’activité. “Tout le monde pense que la réparation des mâts est indispensable sur le site”, souligne Rogivue, “on est confiants dans l’avenir”.

Contrairement aux constructeurs, les spécialistes d’entretien-réparation ont pu faire le gros dos. La Riviera voisine est la première zone de navigation de yachts au monde avec la Floride, leur maintenance est indispensable.

“Les propriétaires font peut être moins de travaux mais doivent passer au chantier une fois par an”, explique Alberto Spina, associé chez Compositeworks et responsable du Siam (Synergie interprofessionnelle des activités maritimes).

“Nous avons des baisses de chiffre d’affaires de 20 à 30% mais pas de 50% voire 80% comme chez certains constructeurs”, ajoute-t-il. “La crise est là, il faut faire avec. Mais globalement le site ne se porte pas trop mal. Et dans six mois, un an, ça va redémarrer”. Compositeworks vient de relancer un projet de cabine de peinture pour plus de 2 M EUR.

“On a traité plus de bateaux que l’an dernier mais avec un volume de travaux moindre”, note Vincent Larroque, directeur local de Monaco Marine (45 salariés, 14 M de CA), principal investisseur du site.

En décembre-janvier, beaucoup de clients repoussaient leur décision mais “depuis un mois et demi, les commandes fermes sont venues pour septembre”.

“Je ne suis absolument pas inquiet pour notre activité”, insiste Larroque, “des outils comme le nôtre il y n’y en a pas beaucoup autour de la Méditerranée”.

Malgré tout, la crise impose d’apprendre à travailler différemment, avec un souci écologique. “Aujourd’hui il faut montrer qu’on cherche à faire des économies”, souligne Larroque tandis que chez H2X, on teste des matériaux naturels (lin, chanvre, liège) et des moteurs électriques.