[29/06/2009 22:05:51] NEW YORK (AFP)
éricain Bernard Madoff arrive au tribunal à New York, le 12 mars 2009 (Photo : Timothy A. Clary) |
Le financier américain , accusé de l’une des plus gigantesques escroqueries de tous les temps, a été condamné lundi à 150 ans de prison par un tribunal de New York, devant lequel il a demandé pardon à ses victimes.
“Bernard Madoff est condamné à 150 ans de prison. Ainsi en a décidé cette Cour,” a déclaré le juge Denny Chin.
Le ministère public avait requis ce siècle et demi de prison à l’encontre de l’ex-président du conseil d’administration du Nasdaq à la Bourse de New York, qui dispose de 10 jours pour faire appel.
A 71 ans, l’ancienne coqueluche des milieux financiers, qui a jonglé pendant trente ans avec les milliards de dollars confiés par des banques, des particuliers aisés ou des organisations caritatives, avait plaidé coupable le 12 mars des 11 chefs d’inculpation, dont fraude, parjure, blanchiment d’argent et vol. Il évitait ainsi un procès devant un jury.
Madoff était depuis incarcéré loin du confort de son luxueux appartement de l’Upper East Side (nord-est de Manhattan).
és devant le tribunal de New York qui a condamné Bernard Madoff le 29 juin 2009 (Photo : Timothy A. Clary) |
Arrivé lundi au tribunal vers 10H00 (14H00 GMT), entouré de policiers et d’une horde de journalistes, Bernard Madoff, en costume impeccable, a fait face calmement au juge, qui a décidé de son sort, avant de demander pardon à ses innombrables victimes.
“Je devrai vivre avec cette douleur le reste de ma vie (…) je demande pardon à mes victimes. Je suis désolé”, a-t-il dit peu avant que sa peine ne soit prononcée.
“Je laisse un héritage de honte à ma famille. Je suis responsable d’un grand nombre de souffrances et de douleurs”, a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, sa femme Ruth Madoff s’est dite “trahie” par “l’homme qui a commis cette fraude horrible”, qui “n’est pas l’homme que j’ai connu pendant toutes ces années”.
Son avocat, Ira Sorkin, avait demandé au juge une peine de 12 ans d’emprisonnement, “suffisante” selon lui étant donnés les remords de l’ex-roi de Wall Street.
Mais les neuf victimes qui ont pris la parole lundi devant le tribunal ont réclamé la peine la plus lourde possible.
“Qu’il reste en cage derrière des barreaux!”, a lancé une femme en pleurs. Une autre victime, un homme qui s’est avoué “lessivé par Madoff”, a déclaré d’un air dur qu’il voulait “être sûr que sa cellule de prison devienne son cercueil”.
Le juge Chin a déclaré ne pas avoir l’impression que Bernard Madoff ait “dit tout ce qu’il savait”. Il n’y a pas eu une seule lettre d’amis ou de membres de sa famille témoignant en sa faveur, a souligné le juge. “L’absence de tout soutien est révélateur”.
Bio-portrait de Madoff |
“Le symbole de la peine est important pour trois raisons: la punition, la dissuasion et cela est capital pour les victimes”, a-t-il poursuivi.
Au total, selon les enquêteurs, 13 milliards de dollars ont été remis à Madoff et les pertes se chiffreraient entre 50 et 65 milliards, correspondant aux gains qu’auraient engendré les sommes prêtées si les intérêts avaient été réels.
Le financier a avoué n’avoir jamais investi un centime des sommes qu’il avait en portefeuille. Il avait monté un “schéma de Ponzi” –nom d’un de ses prédécesseurs des années 20–, une cavalerie financière qui consistait à rémunérer les investisseurs avec l’argent déposé par de nouveaux clients.
Le système a fonctionné jusqu’au jour où les demandes de retrait ont explosé avec la crise de l’automne 2008.
L’affaire avait éclaté le 11 décembre. Un communiqué laconique des autorités annonçait l’arrestation d’un courtier célèbre, PDG de l’entreprise “Bernard Madoff Investment Securities” (BMIS).
Madoff avait confié la veille à ses deux fils qu’il “n’avait plus rien et avait perdu environ 50 milliards de dollars”, selon le document du tribunal.
Le juge a remis sa décision concernant les sommes à restituer aux victimes à dans 90 jours afin de laisser du temps au liquidateur judiciaire pour évaluer l’argent perdu et tenter de le récupérer. Pour l’instant, environ un milliard de dollars a été restitué.
Dans un “ordre de confiscation préalable”, le juge Chin a écrit que M. Madoff “est passible d’une amende personnelle de 170 milliards de dollars, somme représentant le produit qu’il a obtenu par les délits” qui lui sont reprochés.
Après le volet pénal, d’autres instances, civiles, attendent le milliardaire déchu qui risque de finir ses jours en prison.