[30/06/2009 22:00:45] PEKIN (AFP)
à Pékin le 15 juin 2009 (Photo : Frederic J. Brown) |
Après presque deux semaine de controverses, Pékin a décidé de différer l’installation sur les ordinateurs vendus en Chine d’un logiciel de filtrage des contenus pornographiques sur l’internet, a annoncé mardi l’agence officielle Chine Nouvelle.
La Chine, qui compte le plus grand nombre d’internautes dans le monde (près de 300 millions), souhaitait que tous les ordinateurs vendus sur son territoire soient dotés du logiciel “Barrage vert d’escorte de la jeunesse” à partir du 1er juillet.
Elle a décidé de différer cette mesure “parce que certains fabricants ont fait valoir qu’une telle installation à grande échelle demandait du temps”, a indiqué Chine Nouvelle citant le ministère de l’Industrie et de la Technologie de l’information.
Le gouvernement chinois avait affirmé que ce logiciel visait à protéger la jeunesse et bloquer les sites “pas sains, pornographiques ou violents”.
Sans convaincre les citoyens chinois: près de 72% des internautes chinois sondés par le portail Sina.com avaient estimé que le logiciel n’empêcherait pas les jeunes d’accéder à la pornographie, tandis que 81% jugeaient qu’il empiétait sur leur vie privée.
La mesure envisagée par Pékin avait suscité un tollé à l’étranger.
Des chercheurs de l’université du Michigan ayant examiné le logiciel ont affirmé qu’il posait de sérieux problèmes de sécurité et pouvait permettre une prise de contrôle des ordinateurs à distance, soutenant aussi que le logiciel était configuré pour bloquer des mots politiquement sensibles.
Les autorités américaines ont annoncé avoir écrit au gouvernement chinois pour qu’il renonce à imposer le logiciel de filtrage tandis que la Commission européenne l’appelait à reporter son projet, estimant qu’il visait à “censurer” la toile et à “limiter la liberté d’expression”.
Pour sa part, le géant américain des logiciels Microsoft, dont les systèmes d’exploitation Windows équipent 90% des ordinateurs dans le monde, a invoqué la liberté d’expression face au projet chinois.
La Chine est régulièrement accusée de censurer l’internet lorsque les informations sont politiquement sensibles: critiques du gouvernement, informations sur le mouvement interdit Falungong ou sur la répression des manifestations en faveur de la démocratie en 1989, place Tiananmen.
L’affaire du logiciel s’est en outre corsée quand une petite société informatique américaine a accusé “Barrage vert d’escorte de la jeunesse” d’être une version piratée d’un de leur produit.
D’après cette société, Solid Oak, le concepteur du logiciel chinois a recopié des codes de son logiciel “CyberSitter” de contrôle parental, allant jusqu’à distribuer la notice rédigée par elle.
Le concepteur du logiciel chinois “Barrage vert…”, Jinhui Computer System Engineering Inc, a démenti ces accusations.