L’OMC dénonce de nouveaux dérapages protectionnistes

photo_1246473172743-1-1.jpg
écoupe sur le logo de l’OMC au siège de l’organisiation à Genève lors d’une réunion le 21 juillet 2008. (Photo : Fabrice Coffrini)

[01/07/2009 18:36:09] GENÈVE (AFP) L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a dénoncé mercredi de nouveaux dérapages protectionnistes parmi ses 153 pays membres et revu à la baisse des prévisions 2009 pour le commerce mondial, qui devrait plonger de 10%, un plus bas depuis la seconde guerre mondiale.

Dans son troisième rapport sur les politiques commerciales de ses membres dont l’AFP a obtenu une copie, l’OMC fait état de “plus de dérapages” protectionnistes prenant la forme de “mesures de restrictions commerciales et de politiques créant des distorsions”, ces trois derniers mois.

Il relève toutefois qu’il n’y a pas eu “de mesures protectionnistes de forte intensité”.

Dans son précédent précédent rapport, publié à la veille du sommet du G20 à Londres, le gendarme du commerce mondial faisait déjà état de “dérapage significatif” pour les trois premiers mois de l’année. L’OMC s’inquiétait particulièrement de l’impact des plans de relance économique préparés par certaines grandes économies mondiales.

Elle évoque à présent les conséquences de la grippe porcine, soulignant qu’au moins 39 pays avaient décidé des mesures de restrictions commerciales telles que des interdictions d’importations de viande de porc venant de pays affectés par la maladie.

Sans même tenir compte de ces décisions, elle constate par ailleurs que les gouvernements ont dans l’ensemble pris deux fois plus de mesures retreignant les échanges mondiaux que de mesures le libéralisant.

photo_1246473292885-1-1.jpg
à la nouvelle grippe H1N1″ à Jakarta en Indonésie le 1er juillet 2009. (Photo : Adek Berry)

L’OMC reconnaît que la crise actuelle fait subir une forte pression aux gouvernements, tentés de venir en aide à leurs industries en difficulté pour éviter un chômage exponentiel.

Car même si la forte contraction de l’économie mondiale s’est quelque peu ralentie durant les trois premiers mois de l’année, le monde n’est pas encore sorti d’affaires, a estimé l’organisation qui pointe les risques de chômage et de prix élevés du pétrole.

“Une aggravation de la pandémie de grippe A(H1N1) pourrait également avoir un rôle négatif sur la reprise économique mondiale”, prévient encore l’OMC dans son rapport.

Cette situation ne devrait pas manquer d’affecter le niveau du commerce mondial déjà très fragilisé par le tarissement du crédit.

L’OMC a ainsi revu à la baisse ses prévisions pour l’année, tablant désormais sur une contraction des échanges mondiaux de 10% contre 9% annoncé en mars. Un chiffre déjà considéré “sans précédent” depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Le volume des échanges des pays industrialisés devrait même tomber de 14% (contre 10% dans la précédente prévision) et celui des pays en développement de 7,0% (contre 2-3%).

L’organisation s’inquiète par ailleurs une nouvelle fois des gigantesques plans de relance économique.

Elle relève que très peu d’informations “sont disponibles” sur ces plans rendant difficile une estimation de leurs conséquences sur les marchés et la concurrence.

Elle souligne également qu’il n’y a pas d’assurance que les subventions et autres soutiens aux secteurs en difficulté tels que l’automobile ou les banques ne disparaissent parallèlement à la reprise.

Pourtant, estime l’OMS, “il est important que les pays du G20 considèrent une stratégie de sortie de ses mesures anti-crises aussi rapide que possible de façon à permettre aux marchés mondiaux un retour à la normal”.

Car sans cela, les échanges ne pourront jouer leur rôle de moteur de la reprise.