Lufthansa/Austrian : Bruxelles demande de nouvelles concessions aux Allemands

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à l’aéroport de Vienne le 29 juin 2009. (Photo : Samuel Kubani)

[01/07/2009 19:30:53] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne n’a pas été en mesure de donner mercredi son aval au rachat d’Austrian Airlines (AUA) par la compagnie allemande Lufthansa et a demandé de nouvelles concessions aux Allemands, au risque de faire échouer le projet.

“La Commission a décidé d’ouvrir un enquête approfondie sur le rachat de Austrian Airlines par Lufthansa, car elle craint des hausses de tarifs pour les passagers ou une réduction des prestations sur certaines routes”, a expliqué la Commissaire à la Concurrence Neelie Kroes dans un communiqué.

“Il est important que cette opération ne prive pas les voyageurs d’un choix sur les compagnies ou de tarifs concurrentiels”, a-t-elle souligné.

Mme Kroes demande à Lufthansa de céder à la concurrence davantage de crénaux horaires sur les liaisons entre Vienne et Francfort, Munich, Stuttgart, Cologne, Zurich, Geneve et Bruxelles.

“Les offres faites par Lufthansa ne sont pas suffisantes pour permettre à la Commission de donner à ce stade son aval”, a-t-elle expliqué.

Le groupe allemand s’est dit mercredi soir étonné et a averti qu’il n’irait pas au delà de “conditions acceptables”.

“L’ouverture d’une enquête approfondie est inattendue, après des années de joint ventures avec Austrian Airlines”, a-t-il indiqué dans un communiqué.

“Cependant, Lufthansa reste confiante de recevoir les autorisations nécessaires, avec des conditions acceptables”, a-t-il ajouté.

Les demandes de créneaux horaires supplémentaires sur Francfort seront difficilement acceptables, a-t-on précisé de source informée.

“L’offre de Lufthansa pour le rachat d’Austrian Airlines expire le 31 juillet, et si les conditions (posées par l’allemand) ne sont pas remplies, il peut la retirer”, a estimé cette même source.

Parmi les conditions posées par Lufthansa figure l’aval de Bruxelles à l’octroi d’une subvention de 500 millions d’euros couvrant environ le tiers de la dette de la compagnie nationale autrichienne.

Le dossier est entre les mains du Commissaire aux Transports, l’Italien Antonio Tajani, qui a promis une décision dans les prochaines semaines.

“Je pense qu’en faisant preuve d’esprit de coopération, nous serons capables de travailler étroitement avec Lufthansa afin de trouver une solution à ces préoccupations dans les prochaines semaines, a estimé Mme Kroes.

“La Commission dispose de 90 jours pour se prononcer sur un projet de fusion lorsqu’elle lance une enquête approfondie, mais la décision peut être beaucoup plus rapide”, a pour sa part assuré son porte-parole, Jonathan Todd.

“Toute dépendra de ce que Lufthansa est disposé à accepter”, a estimé la source proche du dossier.

“La situation d’Austrian Airlines sera également examinée, or la compagnie affiche des pertes énormes, bien supérieures à celles affichées lorsque Lufthansa a formulé son offre”, a-t-elle précisé.

Mais le dossier est “devenu très politique”, a-t-elle insisté. Côté autrichien, il est traité directement par le chancelier Werner Faymann.

Lufthansa a conclu en décembre avec Vienne un accord pour le rachat de la part publique (41,56%) de Austrian pour la somme symbolique de 366.000 euros.

Le groupe allemand s’est déjà virtuellement assuré près de 90% du capital grâce à une OPA.

Les modalités de la privatisation ont été attaquées par plusieurs groupes concurrents, notamment Air France-KLM, British Airways, Ryanair et AirBerlin/Niki, qui dénoncent une distorsion du marché.

Selon des estimations, une restructuration pour que AUA puisse continuer à voler de ses propres ailes (“stand-alone”) coûterait au moins 840 millions d’euros à l’Etat autrichien, une liquidation jusqu’à 1,4 milliard, et un dépôt de bilan au moins 620 millions.