Les cadres mesurent la crise à la chute record des recrutements

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ôle emploi, le 5 janvier 2009 à Hazebrouck (Nord) (Photo : Denis Charlet)

[01/07/2009 22:08:58] PARIS (AFP) Après les ouvriers et les employés, massivement touchés par le chômage partiel et la chute de l’intérim, les cadres mesurent à leur tour l’ampleur de la crise à l’aune de la chute record des recrutements prévue jeudi par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).

Début 2009, l’Apec prévoyait -17% de recrutements de cadres cette année, mais la chute serait plus sévère (-27% à 145.000 recrutements), soit “la plus forte jamais enregistrée”.

Comparé aux années 1990-93 ou à la récession de 2002-2003 après l’éclatement de la bulle internet, “la baisse serait deux fois plus forte”, selon l’Apec.

Un record d’embauches avait été battu en 2007 avec 208.900 recrutements, chiffre à ne pas confondre avec des créations nettes de poste. Mais depuis Noël, le nombre d’offres d’emploi diffusées –pas toujours suivies d’une embauche surtout en cette période– s’effondre (-31%) tous secteurs confondus, sauf dans les fonctions cadre de la santé, du social et de la culture (+8,1%).

Le remplacement de partants est le premier motif pour chercher quelqu’un en externe et le recours aux jeunes diplômés se réduit, alors qu’un an avant, les besoins de nouvelles compétences étaient la raison n°1 d’une embauche de cadre.

Cette raréfaction des postes à pourvoir s’explique par la baisse du niveau des investissements dans les entreprises.

“La période est difficile”, a reconnu le nouveau président de l’Apec, Eric Verhaeghe, 40 ans, issu du patronat de l’assurance (FFSA), tout en soulignant “qu’il subsistait des opportunités”.

“Paradoxalement, il faut regarder le secteur financier. En tout cas dans l’assurance, le taux de remplacement des départs en retraite sera proche de 100%”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Sur des profils pointus, comme le métier d’actuaire dans les assurances, des recruteurs se plaignent du “manque de mobilité géographique”, d’une “adéquation insuffisante des candidatures” et que “les professionnels sont en majorité en poste, ce qui conduit à une surenchère sur les salaires”.

Dans ce contexte, “la technique consistant à inonder les entreprises de CV est une stratégie perdante”, selon M. Verhaeghe, et “il vaut mieux cibler les entreprises ou le métier vers lesquels on veut aller”.

En outre, “l’alternance, y compris à Bac+4 est une formule considérée comme nécessaire par les recruteurs”, a-t-il dit. La rémunération en contrat de professionnalisation est de 55% du Smic pour les moins de 21 ans, 70% (plus de 21 ans) et 100% (ou 85% du minimum conventionnel) pour les plus de 26 ans.

Par ailleurs, les cadres pourraient être davantage concernés par le chômage partiel, qui concerne surtout des ouvriers et des employés pour l’instant.

Ces deux catégories forment également les gros bataillons des travailleurs intérimaires, premiers virés depuis mars 2008.

En théorie, il n’est pas possible d’être concerné par le chômage partiel pour un cadre qui ne compte pas ses heures et dont les heures sup’ sont compensées par des RTT, sauf si l’établissement est fermé.

Cela a notamment posé problème chez Renault, qui a contourné la difficulté en indemnisant ses cadres à 100%.

Depuis mars, l’administration prône une interprétation souple de la règle et le chômage partiel peut être décrété, sans attendre la fermeture totale de l’établissement mais dès l’arrêt d’une entité autonome, comme une unité de production, un service, ou même une équipe projet.

Le patronat voudrait pousser les feux plus loin et modifier le code du travail, s’il obtient l’accord des syndicats dans le cadre de sa négociation sur les mesures d’urgence face à la crise d’ici mi-juillet.