C’était du beau jeu de tenir la XIème édition du forum de Carthage pour
l’investissement international à Hammamet. On faisait d’une pierre deux
coups, en transformant cette station balnéaire prestigieuse en un centre
international de tourisme de congrès. Il y a de quoi mettre du baume au cœur
de nos hôteliers.
A Hammamet, le pays touchait les dividendes de sa longue marche «d’image
building» patiemment édifiée. L’affluence et la qualité des hôtes
témoignaient de la notoriété acquise par le concept et l’étendue de sa
portée. Plus de 430 dirigeants étrangers de 20 nationalités différentes, le
gotha des investisseurs qui ont le goût du large ! Si ce n’est pas une
performance c’est que ça lui ressemble.
Le bon hasard du calendrier
Quel premier bilan tirer de cette XIème édition ? Eh bien, étant intervenue
dans cette grande tourmente planétaire, le pays était fier de montrer que sa
progressivité dans l’ouverture l’a prémuni, lui procurant une immunité
contre l’effet de contagion d’une crise financière redoutable. La Tunisie,
en exhibant sa résilience à la crise, mettait en avant l’avantage d’une
relocalisation sur son site et à son tour de redonner de l’espoir à ses
partenaires. En les invitant à investir dans un environnement sain, elle
leur faisait pointer l’après-crise. C’est quand même un geste de
soulagement, à saluer ! Et c’était du meilleur effet car les distinctions
remportées par le pays au plan international prenaient tout leur relief.
Deuxième dans le monde, derrière Singapour pour la gestion macroéconomique
et la gestion des finances publiques, un état sobre et efficient, premier
sur le continent et un bon rang sur la short list de Davos.
La solidité des arguments
Le pays présentait à Hammamet une fiche signalétique valorisante. Une classe
moyenne dominante (80% de la population), le sel de la paix sociale, un cap
résolu sur l’ouverture, une haute propension à la réforme par plans
glissants, une forte expérience réussie du partenariat public/privé, une
haute qualité de ressources humaines et une dynamique qui ne se dément pas,
y compris par gros temps avec un investissement qui progresse de 15%
environ.
Une offre ciblée
Cette XIème édition était pensée comme un road show. Le pays se présentait
avec un business-plan en mains. La perspective industrielle à horizon de
2016 était au point. L’objectif est de devenir un hub pour les industries de
haute valeur ajoutée. Le pays réunit un cadre dédié, des compétences, des
technopoles et de l’infrastructure up to date avec ce qu’il faut en IT. Il y
a trois secteurs favoris : l’automobile, l’aéronautique et les IT -et pour
ces derniers, on a une priorité en l’occurrence celle de faire de la Tunisie
une zone de l’offshoring pour l’espace Euromed.
Voilà, tout est dit en peu de mots avec des objectifs à la clé : doubler les
exportations, tripler les investissements.
La Supply chain : la grande victoire
Au total, ce qui a été enregistré à Hammamet est que le pays comme ensemble
fonctionne de manière optimale. Les critères d’investissements pour les
entreprises globales qui recourent à la délocalisation où les opérateurs
internationaux ne sont pas séparés mais corrélés. Quand ils ciblent un site
national, il faudrait que son paramétrage global soit bon.
A Hammamet, on a fait une démonstration efficace du haut degré d’efficacité
de notre supply chain, qui est de tous les Key Performance Indicators (KPI),
certainement le plus pertinent.
Ce qui reste à faire
L’expérience prouve que le travail de promotion, même hautement
professionnalisé comme c’était le cas à Hammamet, nécessite deux relais. Il
ne faut pas oublier la Com’. Or, en la matière, le pays a encore quelques
carences. A titre d’exemple, on sait que le tourisme gagnerait davantage à
gonfler son budget de com’. Un effort supplémentaire serait souhaitable.
Il faut, selon les professionnels, plus de présence médiatique dans les
canaux dédiés. Au forum national de l’Atuge, en juillet 2008, on avait cité
la performance de commercialisation de Casa nearshore qui a été entièrement
vendue alors qu’elle était encore en chantier.
Deuxième relais, le lobbying. On a choisi Carthage pour rehausser l’image du
Forum, ne pas oublier que Hannibal a fait le reste. Plus de réseautage, on
en a l’habitude. L’ATUGE à Hammamet a bien été représentée, et en la
matière, elle a une belle expérience.
Le lobbying, non pas en son sens de l’influence occulte mais du bon travail
sur terrain. Le complément d’intelligence économique n’est jamais de trop.
On peut poser une petite «colle» à nos lecteurs. Qui sait à Marseille ou à
Milan que la douane tunisienne a réformé son code et que TTN est déjà
opérationnelle ou que la liasse unique fonctionne au point ? C’est toujours
bon à faire savoir en dehors des grands rassemblements.