ésidente chilienne Michelle Bachelet (c) et son ministre des Finances Andres Velasco (d) écoutent le président de la Banque mondiale Robert Zoellick à Santiago (Chili) le 2 juillet 2009 (Photo : Claudio Santana) |
[03/07/2009 09:40:33] VINA DEL MAR, Chili (AFP) La crise économique internationale, qui a frappé l’Amérique latine avec un certain décalage fin 2008, pourrait représenter à terme une opportunité pour cette région désormais mieux armée que lors des précédentes crises des années 80 et 90.
Les ministres de l’Economie et des Finances d’Amérique et des Caraïbes évaluaient vendredi au Chili l’impact, mais aussi le potentiel, de la crise qui a brutalement ramené la région sur terre, après des années de croissance culminant à +4,6% en 2008, pour une contraction attendue de -2 à -2,5% en 2009.
La croissance reviendra dans la région en 2010, prédit un rapport de la Banque mondiale (BM) délivré au forum continental annuel à Vina del Mar (ouest de Santiago): “mais elle sera lente -entre 1 et 2%- et inégale” entre les pays.
La crise a frappé l’Amérique latine depuis l’extérieur: plongeon des cours des matières premières, tarissement des financements privés internationaux, du flux des revenus rapatriés, cruciaux dans une économie comme le Mexique.
Mais elle ne s’est pas accompagnée des symptômes (dévaluations massives, faillites de banque, fuite des capitaux) des précédentes crises financières, lors des volatiles années 80 ou 90.
Surtout, a souligné le président de la BM Robert Zoellick, elle a trouvé des économies stabilisées et assainies, “dans une position bien plus forte que dans les années 80 ou 90”. Et mieux placées pour profiter d’une future reprise.
ésident de la Banque mondiale Robert Zoellick (d) et le ministre chilien des Finances Andres Velasco arrivent au palais présidentiel de La Moneda à Santiago (Chili) le 2 juillet 2009 (Photo : Claudio Santana) |
Ce qui a changé ? “Gestion prudente des budgets et de la dette, changes flexibles, dans certains cas des surplus commerciaux, des réserves”, a-t-il énuméré, citant Brésil, Mexique, Chili, Pérou, Colombie et Uruguay.
Partout, le ralentissement a pourtant frappé, entraînant une hausse du nombre de chômeurs (plus d’un million au premier trimestre, 3 à 4 millions d’ici fin 2009, selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) de l’ONU. Et, nouveauté, c’est la classe moyenne qui a souffert.
Huit millions de Latino-américains seront plongés dans la pauvreté en raison de la crise actuelle, projette la BM. Mais plus de 60 millions en étaient sortis depuis la dernière récession régionale en 2002, met en perspective le rapport du directeur Pauvreté pour l’Amérique latine à la BM, Marcelo Giugale.
Pour la BM, la crise actuelle décèle nombre d’opportunités pour les économies de la région.
En révélant que la croissance mondiale “ne sera plus indéfiniment tirée par la surconsommation des pays du G7”, elle leur fait obligation de réequilibrer un modèle plus axé sur la demande interne. Avec les réformes nécessaires que cela implique en terme d’infrastructures, d’éducation, de régime de propriété.
En outre, quelques principes de gestion gouvernementale ont eu un impact pendant cette crise en Amérique latine, et un succès qui fera des émules: “économiser dans les périodes fastes pour dépenser dans les temps difficiles”, à l’image du Chili.
Le gouvernement de Michelle Bachelet a été cité en exemple pour les “filets de sécurité” sociale qu’il a pu déployer depuis la fin 2008 -puisant dans ses revenus tirés du cuivre- à l’attention des plus pauvres.
Certes, le rebond post-crise des pays latino-américains n’est pas garanti, car leurs “problèmes ne sont pas purement économiques”, entre “des institutions politiques pas pleinement cimentées, et des dynamiques propres de drogue et de violence”, met en garde le rapport.
Mais “il est plausible, et ironique, qu’une région qui n’a jamais pu réellement décoller quand le monde florissait, pourrait à présent réussir à sa façon, tandis que le reste du monde dégringole”.