écran du site Twitter, au siège social de l’entreprise, à San Francisco, en mars 2009 (Photo : David Paul Morris) |
[06/07/2009 10:05:24] SHANGHAI (AFP) Pas plus que l’Iran récemment, la Chine n’a pas pu totalement fermer le robinet des informations ni des images en provenance du Xinjiang après les violentes émeutes de dimanche, dont certaines ont pu être diffusées sur Twitter ou YouTube.
Les autorités chinoises ont tenté d’apurer la Toile des vidéos, photographies ou commentaires d’internautes postés sur les sites chinois sur ces violences qui ont éclaté dimanche soir à Urumqi la capitale régionale, faisant au moins 140 morts et des centaines de blessés, selon un dernier bilan officiel.
Mais ces éléments supprimés ont souvent resurgi, non expurgés, sur des sites basés hors de Chine, tandis que Twitter notamment transmettait des images à toute la planète.
Le site internet de socialisation gratuit, ainsi que YouTube, étaient inaccessibles lundi après-midi en Chine. Les principaux moteurs chinois ne trouvaient pour leur part aucun résultat pour une recherche sur “Urumqi”.
Mais comme en Iran le mois dernier, les nouvelles d’Urumqi ont continué d’affluer sur l’internet et ses sites de socialisation et de partage d’images, tels que YouTube, Flickr et Twitter.
Un internaute se présentant comme un universitaire américain semble ainsi avoir été le premier à se faire l’écho sur Twitter des troubles, annonçant, avant les médias traditionnels, que les forces de sécurité bloquaient les routes, puis très vite l’interruption des communications via téléphones portables et SMS.
Un blogueur chinois a choisi le même medium pour rapporter que l’accès à l’internet avait apparemment été coupé à Urumqi par les autorités.
écran de la télévision chinoise CCTV du 6 juillet 2009. Des émeutiers font face à la police le 5 juillet 2009 à Urumqi, province du Xinjiang (Chine) (Photo : AFP) |
Finalement, douze heures après l’internet, la télévision officielle chinoise a diffusé lundi ses premières images choc des violences, montrant blessés en sang, voitures en flammes et émeutiers à leur oeuvre de saccage.
Des clichés saisis après que des événements initialement pacifiques eurent dégénéré, selon des groupes ouïghours en exil et des témoignages apparemment corroborés par certaines images visibles sur Youtube.
Sur le site internet de partage de vidéos, le début des manifestations apparaît très paisible : hommes et femmes marchent, parlent dans leurs téléphones portables, se désaltèrent ou font des signes de la main.
Une autre vidéo de mauvaise qualité montre des policiers casqués emmener des manifestants menottés.
Certains utilisateurs chinois de l’internet ont néanmoins réussi à donner leur avis, comme la blogueuse Wen Ni’er, qui après plusieurs posts effacés a pu s’exprimer sur un site de Google.
“Les sites de Chine continentale ont effacé systématiquement mes écrits, ce qui viole la loi chinoise ainsi que mes droits et ma liberté. Je veux donc dire à quel point je suis dégoûtée et exprimer ma condamnation” de telles actions, a dit la blogueuse.
Wen a bénéficié de l’aide de sites basés hors de Chine qui compilent tous les documents officiels ou non sur les violences, comme drop.io/urumuqi.
“Je sauvegarde surtout parce qu’une fois effacés par la censure, on pourrait ne jamais les revoir. Et effectivement depuis, beaucoup de photos ont été +harmonisées+ et ne sont plus accessibles”, a écrit l’opérateur du site.
drop.io/urumuqi (site en anglais, compilation de documents sur les violences en Chine)