Le G8 veut bien sortir de la relance budgétaire, mais pas trop vite

[08/07/2009 19:43:14] L’AQUILA (AFP)

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Barack Obama (G), Nicolas Sarkozy (C) et Angela Merkel au sommet de L’Aquila, le 8 juillet 2009 (Photo : Saul Loeb)

Les pays du G8 ont promis mercredi de réfléchir à des “stratégies de sortie” de leurs politiques de relance mais sans fermer la porte à de nouveaux coups de pouce budgétaires, alors que les spéculations enflent sur un plan de grands travaux aux Etats-Unis.

La rédaction de la déclaration finale que vont signer à L’Aquila, dans le centre de l’Italie, Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie, est un savant dosage entre des positions parfois divergentes.

“Nous sommes convenus qu’il était nécessaire de préparer les stratégies pertinentes pour réduire progressivement les programmes exceptionnels adoptés en réponse à la crise dès que la reprise sera assurée”, écrivent d’un côté les huit puissances.

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Barack Obama (G), Nicolas Sarkozy (C) et Silvio Berlusconi au sommet de L’Aquila, le 8 juillet 2009 (Photo : Joe Klamar)

Mais de l’autre côté, les Etats veulent pouvoir “continuer de fournir des incitations macro-économiques compatibles avec la stabilité des prix et la viabilité budgétaire à moyen terme.”

Ces formulations prudentes apparaissent comme un compromis entre la volonté de certains pays, Allemagne en tête, de revenir le plus vite possible à une certaine discipline budgétaire, et celle de certains autres, emmenés par les Etats-Unis, qui insistent sur la nécessité de soutenir encore une conjoncture chancelante.

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éjeuner de travail le 8 juillet 2009 à L’Aquila (Photo : Mikhail Klimentyev)

Les premiers craignent une flambée de l’inflation, très préjudiciable pour la reprise, si les Etats ne freinaient pas leurs dépenses. Les seconds s’inquiètent face à des économies encore trop fragiles pour supporter un débranchement brutal des perfusions d’argent public.

Chacun des deux camps aura trouvé mercredi de quoi soutenir ses arguments dans la mise à jour par le Fonds monétaire international (FMI) de ses perspectives pour l’économie mondiale.

Le Fonds a revu en hausse de 0,6 point sa prévision de croissance pour l’économie mondiale en 2010, à 2,5%, laissant entrevoir une sortie de la récession.

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éguisés en cuisiniers manifestent avant la réunion du G8 le 8 juillet 2009. (Photo : Marco Longari)

“Mais la stabilisation est inégale et la reprise sera probablement timide”, écrit aussi le FMI, qui a justement été chargé par le G8 de plancher sur ces “stratégies de sortie”, sans fixer de délai pour la remise de ses conclusions.

Loin de sortir de la relance, les Etats-Unis pourraient s’apprêter à lancer un nouveau plan de grands travaux: c’est du moins ce qu’a cru mardi la Bourse de New York, qui a fortement chuté face à cette perspective.

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ésident français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre italien Silvio Berlusconi à l’ouverture du G8 le 8 juillet 2009 à l’Aquila. (Photo : Stephane de Sakutin)

A l’origine de ce scénario, une conseillère du président Barack Obama, Laura Tyson, qui a indiqué qu’un nouveau plan de relance axé sur les grands travaux d’infrastructure pourrait être nécessaire, alors que les Etats-Unis ont déjà mis près de 800 milliards de dollars sur la table pour soutenir la conjoncture.

Les économistes de la banque Goldman Sachs ont pris sa roue mercredi, écrivant que selon toute probabilité “une nouvelle relance serait nécessaire avant fin 2010” aux Etats-Unis.

Face à ces attitudes différentes, “il faut laisser à chaque pays le soin de définir sa politique budgétaire”, pense Andreas Rees, économiste de la banque Unicredit, interrogé par l’AFP.

“L’Allemagne a dépensé l’équivalent de 2,5% de son Produit intérieur brut en plans de relance, mais les Etats-Unis en sont déjà à 7%. Comment comparer des situations pareilles?” s’interroge-t-il.