UBS : la Suisse entame un bras de fer avec les Etats-Unis

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Logo de la banque UBS (Photo : Nicholas Ratzenboeck)

[10/07/2009 07:50:00] ZURICH, Suisse (AFP) La Suisse a entamé un bras de fer avec les Etats-Unis pour la défense de son secret bancaire et d’UBS, à trois jours d’un procès à Miami où la banque helvétique pourrait être mise en demeure de révéler les noms de 52.000 clients soupçonnés de fraude fiscale.

Après avoir longtemps affiché une réserve toute helvétique sur le dossier, Berne et les responsables de la première banque suisse sont montés au créneau ces derniers jours.

“UBS va très clairement respecter le droit suisse”, a assuré le nouveau président de l’établissement zurichois, Kaspar Villiger.

Pour cet ancien ministre des Finances et président de la Confédération, la banque “ne va pas faire de concession” dans l’affaire qui l’oppose à la justice américaine.

“Il ne s’agit plus d’un simple conflit entre les autorités fiscales américaines et UBS, (mais) aussi de la relation entre deux Etats”, a-t-il estimé.

Lors d’un récent voyage aux Etats-Unis, la ministre de l’Economie Doris Leuthard a rappelé à ses interlocuteurs américains que le droit helvétique devait tout autant être respecté que le droit américain.

A trois jours du procès qui doit s’ouvrir devant le tribunal du district de Miami (Floride), Berne a prévenu que la Confédération prendrait “toutes les mesures nécessaires”, y compris en procédant à la saisie des données, pour empêcher UBS de livrer aux services fiscaux américains (IRS) des informations sur ses clients.

Contre-attaquant, le juge américain Alan Gold, chargé du dossier UBS, a demandé aux autorités de Washington de clarifier les mesures qu’elles étaient prêtes à prendre face à la résistance helvétique.

Le gouvernement américain devra ainsi voir s’il est envisageable de saisir ou de placer sous tutelle les biens d’UBS aux Etats-Unis, a indiqué M. Gold.

Au centre de cette affaire figurent les informations sur 52.000 contribuables américains ayant ouvert des comptes “offshore” en Suisse pour 14,8 milliards de dollars, pour échapper au fisc.

L’enjeu est de taille pour UBS qui sort d’une année noire. La banque a perdu en 2008 quelque 20,9 milliards de francs suisses (19,1 milliards de dollars) en raison de ses engagements hasardeux dans les produits financiers à risque.

L’exposition aux “subprimes”, et ses démêlés judiciaires aux Etats-Unis lui ont déjà coûté très cher en terme d’image.

Démontrant la désaffection de ses clients, les sorties de capitaux se sont élevées au premier trimestre à 14,9 milliards de francs suisses (13,6 milliards de dollars), contre des retraits de 85,8 milliards (78,7 milliards de dollars) au dernier trimestre 2008.

UBS, déjà détrônée de sa place de numéro un mondial de la gestion de fortune, a donc tout intérêt à clôturer son litige aux Etats-Unis.

Mais la banque doit aussi éviter de se plier totalement aux autorités américaines en dévoilant des données protégées par le secret bancaire, un atout de taille dans la lutte entre banques privées.

Pour les analystes de la banque Vontobel, il est “plutôt improbable” qu’UBS puisse trouver un arrangement avant lundi.

La Confédération, qui gère 4.361 milliards de francs suisses d’actifs (près de 4.000 milliards de dollars) — soit huit fois son produit intérieur brut –, veut éviter de perdre un atout majeur dans la bataille entre places financières mondiales: son secret bancaire.