GM renaît de ses cendres, la réussite suspendue au succès des modèles

[10/07/2009 19:13:13] NEW YORK (AFP)

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ège de General Motors le 10 juillet 2009 à Detroit (Photo : Bill Pugliano)

Le nouveau General Motors est né vendredi, moins de six semaines après son fracassant dépôt de bilan, en promettant de faire de sa clientèle sa priorité absolue et de leur offrir enfin des voitures moins gourmandes.

“La nouvelle entreprise General Motors a débuté son activité aujourd’hui dotée d’une nouvelle structure, d’un bilan plus solide et d’un engagement renouvelé de placer les consommateurs au coeur de tout ce que fait le nouveau GM”, a annoncé le groupe, au lendemain du dernier feu vert de la justice américaine à son plan de sortie de faillite.

L’ancien numéro un mondial de l’automobile va se recentrer sur 4 marques principales, Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC, délaissant les marques jugées non rentables comme Saturn, Pontiac et Hummer aux Etats-Unis, mais également Opel et Saab en Europe.

Il renaît avec des effectifs réduits de 30% et ne conserve que ses actifs les plus sains, avec un actionnariat profondément remanié d’où ont été écartés les anciens actionnaires. L’Etat américain détient 60,8% du groupe et l’Etat canadien 11,7%, en échange des fonds publics avancés. Le syndicat automobile américain UAW détient 17,5% et les créanciers 10%.

Les dirigeants du “nouveau” GM – son directeur général Fritz Henderson et son président du conseil Ed Whitacre – ont assuré devant la presse qu’une “nouvelle ère” commençait pour le constructeur centenaire et se sont engagés à vendre les “meilleurs véhicules du monde” en terme de qualité, de design et d’économies de carburant.

“Nous voulons profiter de l’intensité et de la rapidité des dernières semaines pour transformer cette entreprise”, a noté M. Henderson, faisant allusion au rythme trépidant du redressement judiciaire depuis le dépôt de bilan du groupe le 1er juin.

Il n’aura en effet fallu à GM que 40 jours pour sortir du régime de faillite, contre 42 pour son compatriote Chrysler, pourtant trois fois plus petit.

Les élus américains ont exprimé leur soulagement. Le sénateur démocrate Carl Levin (Michigan) a rappelé les milliers d’emplois perdus mais reconnu qu’il “n’y avait pas d’alternative”.

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ésident de GM Edward E. Whitacre le 10 juillet 2009 à Detroit (Photo : Bill Pugliano)

Les grandes lignes stratégiques – vendre moins de modèles mais de meilleure qualité, produire plus de véhicules économes en carburant, innover dans le marketing – ont pourtant laissé sceptiques les analystes.

“Cela fait 25 ans ans que je couvre GM, j’ai vu beaucoup de leurs restructurations. Je pense que c’est leur dernière chance de faire les choses correctement”, lâche Michelle Krebs, analyste du cabinet Edmunds, selon lequel “des défis importants sont à venir”.

GM “supprime des emplois, mais où est le sang neuf?”, critique-t-elle. “Ils rappellent Bob Lutz, qui a 77 ans, pour diriger le marketing et trouver de nouveaux moyens de vendre des voitures!”

“Leur plus gros problème”, renchérit Rebecca Lindland, du cabinet Global Insight, “c’est la perception” qu’ont les consommateurs des véhicules GM, copieusement critiqués ces dernières années pour leur qualité médiocre et leur inadéquation à la demande.

L’image, “c’est le plus difficile à réparer”, avertit cette analyste.

Pour redorer son image, GM a d’ailleurs promis d’aller à la rencontre des consommateurs et de se rapprocher du site de vente aux enchères eBay.

C’est sans compter la faiblesse du marché automobile, qui souffre toujours de la récession, rappelle Mme Lindland.

Comme d’autres analystes, elle table sur un marché américain sous les 10 millions d’unités cette année, alors que GM prévoit justement des ventes de 10 millions d’unites pour revenir à l’équilibre.