On n’y arrivera pas par des miracles. Il faut tout simplement développer
l’enseignement, améliorer les conditions de travail et la rémunération… Et
surtout abolir la séance unique.
Il s’agit d’une fausse question, car je préfère parler de performance d’une
économie et de croissance. La productivité va de pair avec le niveau de
développement d’une économie et par ricochet de sa croissance.
Il y a 2 manières de l’augmenter:
1. Soit la manière totalitaire : à l’instar des exemples chinois, taïwanais,
singapourien, coréen, hongkongais, mais aussi indien. Le mot d’ordre est
militaire : ‘’produis et ne parle pas’’… Ca passe ou ca casse. C’est le modèle
le plus performant actuellement, ce qui a permis à la Chine, par exemple, de
devenir la 2ème économie mondiale, derrière les Etats-Unis et devant le Japon.
2. Soit le modèle occidental, européen, et anglo-saxon : La productivité est
synonyme de technologie, de niveau de conscience collective de la société, de
process et d’un développement généralisé des salaires, de niveau de vie, des
conditions de travail, de croissance, de l’enseignement.
En somme, on peut dire que la productivité est un tout, elle est la résultante
du développement, et donc d’une finalité et non d’un moyen.
La Tunisie étant une économie intermédiaire, donc dans un régime libéral, je
pense -et ce n’est qu’un simple point de vue- qu’on peut augmenter la
productivité par 2 moyens:
1. Globaux : Développer l’enseignement, améliorer les conditions de travail et
la rémunération, motiver le travail.
La société tunisienne ne valorise pas le travail, plutôt elle glorifie l’argent.
D’ailleurs, ceux qui réussissent socialement sont ceux qui travaillent le moins,
les profiteurs et non ceux qui ont la plus grande productivité.
2. Spécifiques : abolir la séance unique, avec 6h de travail pendant 3 mois, on
ne peut pas avoir une productivité de 8h.
Il faut aussi donner une plus grande chance aux femmes, améliorer la prise en
charge des enfants, financer les garderies ; car, il est anormal que les
garderies et les crèches ferment les mois de juillet et août alors que nos
femmes, épouses, sœurs continuent à travailler, cela impactera forcément leur
rendement. Donc 50% de la force du travail se trouve affectée.
Dans le même ordre d’idées, il est impératif de revoir également les horaires de
travail.
Améliorer la productivité est, pour moi, quelque chose de trop compliqué, car
toute l’économie et la société doivent s’y mettre, ce qui nécessitera entre 10 à
20 ans pour réaliser des progrès, et qui passent par une meilleure croissance et
une mise en cause globale et non des actions ponctuelles souvent sans
alternatives.
Est-ce qu’on est prêt à rémunérer dans le privé aussi bien que dans le public de
manière différente selon la productivité ? Je doute bien que non.
C’est pourtant en trouvant la réponse à cette équation complexe qu’on pourra
améliorer la productivité.