çue le 11 mai 2009 montatnt une mine de bauxite de Rio Tinto à Weipa, dans le nord du Queensland. (Photo : AFP) |
[14/07/2009 10:47:11] PEKIN (AFP) Une affaire “d’espionnage” impliquant Rio Tinto en Chine a pris une nouvelle dimension cette semaine, s’étendant, selon la presse officielle, à de grands aciéristes nationaux dont des responsables se seraient laissé corrompre par les géants miniers étrangers.
Le gouvernement garde le silence sur ce qui menace de devenir un énorme scandale “ébranlant l’industrie sidérurgique chinoise”, ses fournisseurs étrangers et même, “les intérêts miniers de la Chine dans le monde”, selon l’analyste de IHS Global Insight, Ren Xianfang.
Mais “les autorités ont signalé une résolution inhabituelle à +nettoyer la maison+”, avec l’arrestation du dirigeant à Shanghai du groupe minier anglo-australien Rio Tinto, suivie d’enquêtes tous azimuts au sein de l’industrie chinoise, note aussi Mme Ren.
Selon le China Daily, au moins cinq groupes chinois seraient impliqués dans l’affaire qui a valu l’arrestation le 5 juillet du dirigeant de Rio Tinto, Stern Hu, et de trois autres employés du groupe.
Interrogé sur ces informations, un porte-parole du ministère des affaires étrangères Qin Gang a simplement indiqué que “des gens (liés à l’affaire) devaient faire l’objet d’une enquête”.
La Chine avait affirmé jeudi disposer de “preuves suffisantes” que M. Hu, un ressortissant australien, s’était rendu coupable de “vol de secrets d’Etat”, causant “d’énormes pertes aux intérêts économiques et à la sécurité de la Chine”.
Cette arrestation a tendu les relations entre Pékin et Canberra, où des hommes politiques et analystes l’ont liée au récent abandon par Rio Tinto d’un accord stratégique avec le géant public chinois de l’aluminium Chinalco.
Elle avait été suivie par celle d’un dirigeant du groupe sidérurgique Shougang, numéro huit national, Tan Yixin, réputé proche de Hu, selon le 21st Century Business Herald.
Les médias se sont fait l’écho depuis de diverses informations non confirmées selon lesquelles Rio Tinto, mais aussi d’autres grandes compagnies minières, auraient corrompu des industriels chinois pour avoir accès à certaines données comme les niveaux des stocks, les prévisions de production, ainsi que des informations financières.
Ces informations s’avèrent sensibles dans le cadre des âpres négociations sur les prix du minerai de fer qui se déroulent chaque année entre aciéristes chinois et producteurs de minerai étrangers, un marché dominé par Rio Tinto, son compatriote BHP Billinton et le brésilien Vale.
Selon la presse, outre certains responsables de grands groupes, dont le géant Baosteel, des membres de l’Association chinoise du fer et de l’acier (CISA), celle-là même qui mène les négociations sur les prix du minerai de fer, seraient également pris dans la tourmente.
Plusieurs groupes et la CISA contactés mardi se sont refusés à tout commentaire.
Cette année, les discussions, qui auraient dues être conclues avant fin juin, sont toujours en cours sur les prix de référence pour 2010, avait affirmé lundi un responsable de la CISA à l’AFP, en demandant l’anonymat.
Les négociations achoppent parce que les aciéristes chinois veulent des baisses de prix supérieures aux 33-34% de remise négociés avec le Japon et la Corée du Sud.
Mais “la demande croissante de la Chine pour le minerai et d’autres matières premières suffit à miner son pouvoir de négociations”, souligne Mme Ren Xianfang.
Premier importateur mondial, la Chine a acheté 443 millions de tonnes de minerai de fer en 2008, un volume qui devrait décroître à 350 millions cette année, selon un responsable de la CISA cité récemment par l’agence Chine Nouvelle.
Elle est aussi le premier consommateur et le premier producteur mondial d’acier dont elle a produit 37,8% du total mondial l’an dernier, selon la World Steel Association.