Le patron d’EDF en porte-à-faux avec le gouvernement sur les tarifs

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à Paris, le 12 février 2009 (Photo : Thomas Samson)

[18/07/2009 10:14:53] PARIS (AFP) En réclamant une hausse de 20% des tarifs d’électricité, le PDG d’EDF Pierre Gadonneix, dont le mandat se termine en novembre, s’est retrouvé toute le semaine la cible des critiques du gouvernement et de l’Elysée.

“Cette annonce de 20%, elle est incompréhensible pour tout le monde, surtout pour moi”, a encore déclaré jeudi la ministre de l’Economie Christine Lagarde.

Mme Lagarde s’est attachée à dégonfler la polémique suscitée par les propos de M. Gadonneix, prenant à plusieurs reprises ses distances avec lui, tout en ouvrant la porte à une hausse des prix cet été. Une hausse qui ne serait pas, a-t-elle toutefois assuré, de l’ordre de celle avancée par le patron d’EDF, qui réclame 20% sur trois ans.

Une telle augmentation est “un objectif hors de proportion avec ce qui pourrait être décidé”, a insisté vendredi le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant.

Mais c’est Henri Guaino, conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy, qui a été le plus tranchant, dans un entretien au Parisien publié lundi.

“Il serait anormal de faire payer au consommateur français des erreurs d’investissement (d’EDF) à l’étranger”, a-t-il estimé.

M. Guaino, dont le nom a été cité à plusieurs reprises dans la presse comme candidat possible à la présidence d’EDF, semblait ainsi critiquer la stratégie d’expansion internationale de l’électricien public.

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à Flamanville, le 6 février 2009 (Photo : Michel Euler)

Au cours de l’année écoulée, EDF a racheté le britannique British Energy pour 13,5 milliards d’euros (la plus grosse acquisition de son histoire), le belge SPE et la moitié des réacteurs nucléaires de l’américain Constellation.

Sur la seule année 2008, sa dette a gonflé de 50% pour atteindre 24,5 milliards d’euros.

Dès la semaine dernière, le site internet Médiapart affirmait que Claude Guéant était “de plus en plus alarmé” de la situation prévalant dans l’entreprise publique.

“L’Elysée va limoger Pierre Gadonneix”, titrait le journal en ligne, alors que le patron d’EDF a publiquement annoncé qu’il était “prêt à continuer” à la tête du groupe public.

Selon Médiapart, M. Gadonneix pourrait avoir été mis au courant de la décision présidentielle, ce qui expliquerait ses soudaines déclarations sur les tarifs.

Jusqu’à présent, le patron du groupe public faisait en effet preuve d’une extrême prudence dans ses demandes de hausse, se contentant de rappeler que les prix de l’électricité devait refléter son coût.

En juin, il plaidait encore pour une “hausse modérée” des tarifs régulés (qui sont fixés par le gouvernement) et se gardait bien de citer un chiffre précis.

Selon Le Canard Enchaîné, le fait qu’il réclame soudainement une hausse de 20% sur trois ans aurait particulièrement déplu à M. Sarkozy.

“La prolongation de son mandat à EDF, ce n’est pas la peine que Gadonneix y pense”, aurait-il affirmé devant ses collaborateurs, rapporte l’hebdomadaire satirique dans son édition de mercredi.

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évrier 2009. (Photo : Gerard Cerles)

Interrogés par l’AFP sur l’avenir de M. Gadonneix à la tête d’EDF, les services du Président de la République et du Premier ministre se sont refusés à tout commentaire.

Après ses interventions répétées dans les médias la semaine précédente, le patron d’EDF s’est fait beaucoup plus discret cette semaine, se contentant de défendre sa position devant les députés lors d’une audition à huis clos.

A cette occasion, il a estimé que l’augmentation des tarifs était indispensable pour réaliser les investissements nécessaires à la maintenance du parc de production électrique.