Frappé par la crise, le secteur du poids lourd a dévissé au premier semestre

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Image de poids lourds. (Photo : Miguel Riopa)

[19/07/2009 10:03:57] PARIS (AFP) Le secteur du poids lourd en France a été frappé de plein fouet par la crise au premier semestre avec une chute des ventes de plus de 30%, qui devrait se retrouver sur l’année et s’accompagner de pertes d’emplois dans la distribution et la réparation.

“Les concessionnaires, distributeurs et réparateurs vont avoir des chutes d’affaires de 30 à 40% minimum sur l’année”, déclare à l’AFP Richard Moraud, président de la branche des concessionnaires véhicules utilitaires du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA).

Selon le baromètre trimestriel du CNPA, le chiffre d’affaires de l’activité de ventes de véhicules industriels neufs (plus de 5 tonnes) est en recul de 52% au deuxième trimestre après un plongeon de 47% au premier trimestre.

“25.000 personnes travaillent dans la filière distribution-réparation de camions, et nous prévoyons à peu près 3.000 licenciements cette année”, ajoute M. Moraud.

Sur les six premiers mois de l’année, les immatriculations de véhicules industriels ont chuté de 32% à 21.179 unités, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). En juin, le recul s’est établi à -39%.

“Le marché va continuer à chuter en immatriculations”, prévoit Richard Moraud, qui fait état d’une baisse des prises de commandes “de l’ordre de 60%, 70%” même si la situation “se stabilise”.

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îne de l’usine Renault de poids lourds de Blainville-sur-Orne. (Photo : Mychele Daniau)

Le premier semestre a été “très difficile” et les mois à venir devraient être “certainement aussi bas que juin”, estime Marc Martinez, directeur général de Renault Trucks France (groupe Volvo), première marque en France avec une part de marché de plus de 35%.

M. Martinez observe “un frémissement du marché” dans les commandes, mais s’attend cependant à un marché autour de 30.000 à 32.000 immatriculations cette année.

En 2008, les ventes de véhicules industriels avaient dépassé les 57.000 unités en France. Une “année historiquement élevée dans la majorité des pays”, rappelle-t-il.

Pour Jean-Michel Mercier, directeur de l’Observatoire du véhicule industriel (OVI) de BNP Paribas, le marché du camion enregistre “un vrai bas de cycle”. La baisse des immatriculations en 2009 devrait être “de l’ordre de moins 30% minimum” par rapport à une moyenne des dernières années de 50.000 unités.

“Il y a un vrai creux, dû à une conjoncture dégradée”, mais aussi à un effet de cycle après plusieurs années de “croissance assez forte et régulière”, explique-t-il.

“Le marché s’est grippé”, note M. Mercier. “Vous commencez par avoir une baisse des ventes de neuf, puis en même temps, un phénomène de trop plein au niveau des véhicules d’occasion, devenu un phénomène européen”.

De fait, les ventes de camions d’occasion ont plongé de 51% au deuxième trimestre après un recul de 29% au premier trimestre, selon le CNPA.

En janvier, il y avait 15.000 véhicules d’occasion sur les parcs, amenant les concessionnaires à réduire drastiquement leurs reprises, selon M. Moraud: le marché s’est bloqué et les débouchés à l’export se sont taris.

Le directeur général de Renault Trucks France observe que le stock de véhicules d’occasion “se stabilise depuis deux mois” tandis que celui des véhicules neufs baisse.

Face à cette situation, “il faut un plan d’aide à l’investissement” pour le secteur, affirme Richard Moraud, qui souhaite une “prime de renouvellement du parc” ou bien une “prime à l’investissement”.

Une prime de “renouvellement”, comme la prime à la casse pour l’automobile, inciterait au remplacement des anciens camions par des modèles moins polluants, selon le CNPA.