La fermeture des frontières maroco-algériennes est la négation
même de l’intégration économique du Maghreb qui constitue un choix stratégique
pour le Maroc, a affirmé, jeudi à Beyrouth, l’ambassadeur représentant permanent
du Maroc auprès de l’Office des Nations unies à Genève, Omar Hilale.
L’intégration économique d’une région suppose l’ouverture des économies des pays
de la région sur elles-mêmes et sur ses partenaires étrangers, a expliqué M.
Hilale lors d’une réunion de la Conférence des Nations unies sur le commerce et
le développement (Cnuced), soulignant que la fermeture, depuis 1994, de la
frontière entre l’Algérie et le Maroc, entrave l’essor des échanges commerciaux,
économiques et humains et engendre un surcoût énorme pour l’économie des deux
pays et pour les populations frontalières.
Il a, également, affirmé que le différend maroco-algérien sur le Sahara marocain
«ne devrait plus entraver le processus d’intégration économique du Maghreb,
étant donné qu’il fait l’objet d’un processus de négociations entre toutes les
parties, sous les auspices de l’Onu, pour parvenir à une solution politique
mutuellement acceptable, basée sur l’initiative marocaine pour la négociation
d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara, et dans le cadre de la
souveraineté et l’intégrité territoriale du Maroc».
La réouverture des frontières et la normalisation des relations bilatérales
entre le Maroc et l’Algérie favoriseront un climat régional de confiance,
propice à l’investissement, l’échange commercial et l’intégration économique du
Maghreb, a-t-il ajouté.
Il a noté, devant cette réunion tenue sous le thème «la promotion du
développement économique sous régional et les politiques commerciales en Asie de
l’Ouest et en Afrique du Nord», que la fermeture des frontières constitue le
terreau fertile pour la prolifération de la contrebande et du trafic de tout
genre, citant une étude établie en 2004 par la Chambre de commerce d’Oujda,
selon laquelle le chiffre d’affaires annuel du commerce «informel» atteint les
550 millions de dollars, «un manque à gagner pour les opérateurs économiques des
deux pays».
Dans cette intervention intitulée «Enjeux et perspectives d’intégration au
Maghreb», le diplomate marocain a déploré que la complémentarité des économies
des cinq pays maghrébins, pourtant un atout majeur, n’ait pas été
«stratégiquement exploitée», en raison de «la prévalence des intérêts sectoriels
sur les intérêts stratégiques collectifs de la région».
Il a également relevé que la construction de cet espace nécessite une
convergence politique des Etats de la région, «afin de répondre à cet idéal
auquel s’attachent, depuis l’indépendance, les cinq peuples du Maghreb».
Le diplomate, a, par ailleurs, mis l’accent sur le coût du non Maghreb, qui se
traduit par une perte de 2%de croissance par année pour cet espace, soulignant
que les échanges économiques et commerciaux entre les pays du Maghreb ne
dépassent guère 3,36% du total des échanges extérieurs de ces pays, en
comparaison avec les 21% de l’Asean, les 19% du Mercosur et les 10,7% de la
Cedeao.
(Source : http://www.lematin.ma)