Chute du prix du lait : Bruxelles campe sur sa position de fermeté

[20/07/2009 15:51:16] BRUXELLES (AFP)

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à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, le 28 mai 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

La Commission européenne a décidé de rester ferme face aux producteurs de lait ou aux gouvernements qui réclament un gel, voire une baisse des quotas de production laitière afin de stopper la chute des prix, selon un projet de document qui sera publié mercredi.

Les discussions déjà menées dans l’UE sur le sujet “excluent les idées telles qu’une baisse de 5% des quotas (plafonds de production) ou un gel des hausses de quotas”, souligne l’exécutif européen dans ce texte dont l’AFP a obtenu copie.

“Un changement du système des quotas ne respecterait pas” les décisions déjà prises pour adapter la Politique agricole commune (PAC), déclare ce document des services de la commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel.

“Remettre en question cette politique ne ferait que créer de l’incertitude, retarder le processus de restructuration et ne rendrait pas service aux nombreux producteurs de lait et à leurs familles qui ont besoin de directives claires pour planifier leur avenir”, ajoute la Commission dans ce texte.

Mme Fischer Boel adresse ainsi une fin de non recevoir aux producteurs de lait les plus résolus, réunis au sein de la fédération European Milk Board (EMB). Ils demandaient depuis des semaines une réduction de 5% des quotas de production dans l’UE pour faire remonter les prix.

“Il est incompréhensible de voir une telle rigidité”, a réagi le président de l’EMB, Romuald Schaber, interrogé par l’AFP. “Les propositions de la Commission européenne ne correspondent pas du tout à ce que nous jugeons nécessaire de faire, cela ne nous fait pas avancer d’un pouce”.

“On a l’impression qu’elle ne réalise pas les conséquences de sa politique, avec des éleveurs qui sont obligés de fermer leur exploitation” du fait de prix trop bas, a-t-il ajouté.

La commissaire danoise a aussi rejeté une demande intermédiaire récente de l’Allemagne, soutenue par la France, visant à laisser la porte ouverte à un gel de la hausse programmée de 1% des quotas laitiers dans l’UE l’année prochaine.

Son rapport avait été demandé par les ministres de l’Agriculture de l’UE pour envisager des réponses nouvelles face à la chute des prix, à l’origine de nombreuses manifestations en Europe depuis des mois.

Certains producteurs voient dans la hausse enclenchée depuis 2008 des quotas de production laitière en Europe (jusqu’à leur disparition en 2015) la principale raison de l’effondrement actuel des prix. Ce que conteste la Commission: elle y voit seulement le résultat d’une baisse de la demande européenne et mondiale.

Depuis 2007, les prix du lait versés aux producteurs ont chuté de 50% dans les cas les plus graves, passant de 30 à 40 centimes d’euro le litre à 24 centimes aujourd’hui en moyenne dans l’UE, et même en dessous de 20 centimes dans certains cas.

Bruxelles ne propose dans son document que des mesures techniques limitées de soutien, en plus de ce qui a déjà été décidé, comme un assouplissement des règles d’octroi d’aides publiques ou des programmes de promotion des produits laitiers.

La Commission envisage aussi de davantage pénaliser financièrement les agriculteurs qui dépassent leurs quotas individuels, afin de “freiner la production”.

L’argent ainsi dégagé pourra être utilisé pour aider ceux qui veulent quitter la profession.

L’Italie, opposée au soutien artificiel des prix actuellement en vigueur, plaide en faveur d’aides à la reconversion.