Transdev et Veolia : vers un champion mondial des transports publics

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à Toulouse le 27 mars 2007 (Photo : Lionel Bonaventure)

[23/07/2009 18:51:47] PARIS (AFP) Veolia Transport et Transdev, filiale de la Caisse des dépôts (CDC), se préparent à fusionner, un mariage surveillé de près par l’Etat qui donnera naissance à un géant mondial des transports publics mais laisse à quai la SNCF, prétendant éconduit.

La CDC avait annoncé mercredi soir son intention d’entamer des “négociations privilégiées” avec Veolia en vue de créer “un leader mondial du transport public de voyageurs”. En cas d’accord, le futur champion français pèsera 8,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et comptera 130.000 collaborateurs.

Si les négociations aboutissent comme prévu d’ici début 2010, la future entité née de ce rapprochement sera détenue à 50% par la CDC – qui compte à présent 69,6% de Transdev -, et à 50% par Veolia Environnement, maison mère de Veolia Transport. Une introduction ultérieure en Bourse est également envisagée.

Cette alliance entre le public et le privé reste suspendue à la conclusion d’un accord définitif et nécessite le feu vert de la RATP, qui doit céder sa part de 25,6% dans Transdev, en échange d’actifs des deux opérateurs.

Le comité d’investissements de la CDC, réuni mardi, a donné un avis favorable à ce rapprochement. La fusion se fera à parité au niveau de l’actionnariat et de la gouvernance, a précisé le député Michel Bouvard, président de la Commission de surveillance de la CDC.

Le député UMP était à l’origine favorable à un rapprochement avec Keolis, filiale de la SNCF, mais s’est rallié à l’offre de Veolia après des “concessions majeures” faites par le groupe de services. Veolia a notamment renoncé à être majoritaire dans le capital de la nouvelle entité.

Avant la signature d’un accord, Veolia proposera à la CDC une équipe de direction du nouvel ensemble dans laquelle seraient intégrés des membres de Transdev, explique-t-on de source proche du dossier.

Selon des informations de presse, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a pesé de tout son poids pour faire pencher la balance en faveur du groupe dirigé par Henri Proglio, qui passe pour un proche du président Nicolas Sarkozy.

Dans un communiqué, le PS a “dénoncé avec force les conditions dans lesquelles s’est décidé le rapprochement entre Transdev et Veolia Transport, qui semble relever essentiellement d’une décision politique commanditée par l’Elysée dans le but de satisfaire les responsables de Veolia Transport”.

Chez Veolia, on fait cependant valoir que “c’est un beau projet industriel, et pas une question politique”. Un porte-parole a mis en avant “la complémentarité géographique” des deux opérateurs: outre la France, Veolia est ainsi très présent en Allemagne, et Transdev aux Pays-Bas.

C’est un coup dur pour la SNCF dont le président Guillaume Pepy avait confirmé début juillet son “intérêt” pour Transdev. Perdante dans ce dossier, la SNCF pourrait toutefois obtenir, en guise de consolation, Veolia Cargo, filiale de fret ferroviaire mise en vente par Veolia.

La fusion entre Veolia Transport et Transdev se fera sans sortie de cash: “la parité serait atteinte, après analyse et évaluation des deux entreprises, par ajustement des structures financières”, selon la CDC.

Des parités qui seront difficiles à trouver, car Veolia pèse trois fois plus que Transdev, avec un chiffre d’affaires de 6,059 milliards d’euros (contre 2,27 milliards).

Autre casse-tête, la dette de Veolia: Michel Bouvard a ainsi promis d’être “vigilant” sur “l’endettement de Veolia Transport, qui est beaucoup plus important que celui de Transdev”.