Internet, désormais plus grand magasin français de tongs et escarpins

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à une course en talons hauts à Berlin, le 11 juillet 2009 (Photo : Berthold Stadler)

[25/07/2009 19:39:53] PARIS (AFP) Attirés par un choix abondant, sans équivalent dans les magasins, et des prix attractifs, les Français n’hésitent plus à acheter leurs talons hauts et baskets sur internet, un marché de niche appelé à se développer assez rapidement.

“Il y a quelques années, on pensait que le problème d’essayage représenterait un frein pour la vente de lingerie et des chaussures sur internet”, relève Evelyne Chaballier, directrice des études économiques et prospectives de l’Institut français de la mode (IFM).

“Actuellement, ce sont les produits les mieux vendus sur internet”, souligne-t-elle.

Les problèmes de pointure ont été vite réglés par les principaux e-marchands: ils offrent un retour gratuit de la paire trop grande ou trop petite, à condition que le renvoi intervienne sous sept jours.

Un service coûteux pour les sites, mais indispensable à leur succès. Les e-marchands refusent de communiquer les taux de retours, mais ils se disent rentables.

Preuve que le secteur est en plein boom, le spécialiste américain de la distribution sur internet Amazon.com a annoncé cette semaine l’acquisition de Zappos.com, un spécialiste de la vente de chaussures en ligne, pour 847 millions de dollars (593 millions d’euros).

“C’est un marché très porteur. Ces sites proposent un choix unique sur internet, qui n’a pas d’équivalent dans les magasins”, relève Marc Lolivier, délégué général de la Fédération de la vente à distance et du e-commerce (Fevad).

Des milliers de modèles et des centaines de marques sont en effet vendus sur la Toile, largement au-dessus de l’offre proposée dans les boutiques. Les clients ont accès à des chaussures françaises, mais aussi à des griffes italiennes, espagnoles ou américaines, quasi impossibles à trouver dans les magasins. Les offres promotionnelles et ventes privées sont en outre plus fréquentes que dans les boutiques.

“Nous visons la clientèle qui habite en province et qui n’a pas accès au choix. Notre site marche dans les régions où il y a un seul magasin de chaussures à 10 ou 20 kilomètre à la ronde”, explique Stéphane Treppoz, patron de Sarenza, qui propose 270 marques et 6.000 modèles de chaussures.

La vente de chaussures sur internet est très récente et reste une niche, mais elle progresse rapidement.

Sarenza, le premier spécialiste du genre en France, n’a vu le jour qu’en 2005 et Spartoo, son concurrent direct, en 2007. Les deux devraient doubler leur chiffre d’affaires cette année par rapport à 2008, alors que le marché global de la chaussure n’a progressé que de 4% en juin, par rapport à juin 2008, selon les données de la Banque de France.

Ces spécialistes de la chaussure virtuelle n’ont actuellement qu’une part de marché inférieure à 5%, mais ils sont bien partis pour dépasser les 10%, selon l’IFM, voire les 20% selon M. Treppoz.

Globalement, le e-commerce rencontre un succès fulgurant en France depuis l’avènement de l’internet haut débit qui a permis à l’hexagone de combler son retard par rapport à la Grande-Bretagne et à l’Allemagne, les pays les plus actifs en matière de commerce en ligne en Europe.

Parmi les facteurs évoqués par les internautes pour expliquer leur décision d’achat sur internet, figurent la possibilité d’éviter les fils d’attente, de comparer les prix facilement, de bénéficier des nombreuses promotions et d’acheter 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

Cette année, les ventes sur internet devraient progresser de 25% pour atteindre 25 milliards d’euros, selon la Fevad.