Oubliés eau minérale ou smoothie : les Français se désaltèrent à moindre coût

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à un robinet d’eau courante. (Photo : Joel Robine)

[28/07/2009 06:07:53] PARIS (AFP) Chute du pouvoir d’achat oblige, les ventes d’eaux minérales, de jus de fruits frais et autres smoothies, très en vogue avant la crise, baissent en France, les consommateurs leur préférant des produits meilleur marché comme les “nectars”, voire l’eau du robinet.

“Le prix a un impact sur la consommation de jus de fruits cette année”, confirme Jacques Antoine, secrétaire général de l’Union nationale des producteurs de jus de fruits (Unijus).

Ainsi, le marché du nectar de fruits, un jus à base de poudre ou de purée de fruits, en décroissance de 2% chaque année depuis 2000, est en train de se stabiliser. “Les gens recommencent à en acheter car ce produit n’est pas cher”, explique M. Antoine.

Parallèlement, le marché des “smoothies”, ces boissons onctueuses à base de fruits frais à la mode jusqu’en 2008 pour leurs vertus “santé” supposées, ralentit, “probablement à cause du prix”, selon M. Antoine.

Fin juin, le marché du jus de fruits était globalement en hausse de 4,3% en volume sur douze mois, par rapport aux douze mois précédents, selon Unijus.

Mais il est principalement soutenu par les jus de fruits non réfrigérés ou “ambiants”, moins chers que les jus frais réfrigérés. Ces jus “ambiants”, dont le nectar fait partie, coûtent en moyenne un euro, soit 2,5 fois moins cher que les smoothies et autres jus de fruits frais.

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érale défilent sur un tapis roulant, le 26 juillet 2006 à Saint-Amand-les-eaux. (Photo : Denis Charlet)

Le marché des jus de fruits “ambiants” a ainsi augmenté de 5% en volume entre juin 2008 et juin 2009, tandis que celui des jus de fruits frais a reculé sur la même période de 3%.

Les consommateurs font aussi des arbitrages pour les achats d’eau en bouteille, qui ont reculé de 7,5% à fin mai, selon le cabinet d’études Nielsen. Les eaux les plus chères sont en chute libre: l’eau minérale a reculé de plus de 10% et l’eau minérale aromatisée de 23%.

Les Français sont de plus en plus nombreux à boire de l’eau du robinet, encouragés par les messages rassurants des pouvoirs publics sur sa qualité. D’autant que l’eau du robinet ne coûte que 0,3 centime le litre en moyenne, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), contre 14 centimes pour celle en bouteille, d’après le Syndicat des eaux de source. Soit près de 47 fois moins cher.

Signe de la sensibilité des consommateurs aux prix: entre 20% et 30% des volumes d’eau en bouteille de Nestlé Waters France (Vittel, Contrex, Hépar) ont été vendus au premier semestre lors d’opérations de promotions, contre 15% à 20% il y a deux ans, note Denis Cans, PDG de la société, leader du secteur, dans un entretien aux Echos cette semaine.

Danone (Evian, Volvic) a vu de son côté son activité eaux minérales baisser au premier semestre et reste “prudent” sur ses performances à venir.

Déjà en 2008, affectées par la baisse du pouvoir d’achat et la prise de conscience écologique des consommateurs sur la multiplication des emballages, les ventes d’eau en bouteille avaient chuté en France, de 7,5% en volume, selon ACNielsen.

L’engouement pour l’eau du robinet a profité aux carafes filtrantes. La société Brita, qui dit détenir 76% du marché français, en a vendu 1,12 million en 2008, soit une hausse de 25% par rapport à l’année précédente. Elle prévoit d’en écouler autant cette année.