Alcatel-Lucent : nouvelles assurances d’Estrosi, les syndicats sceptiques

[28/07/2009 19:12:25] PARIS, 28 juil 2009 (AFP)

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à Paris lors d’une rencontre avec des salariés d’Alcatel-Lucent. (Photo : Francois Guillot)

Le ministre de l’Industrie Christian Estrosi a assuré mardi qu’il n’y aurait pas de fermetures de sites en France ni de délocalisations d’emplois dans la recherche chez Alcatel-Lucent, ce dernier point laissant toujours sceptiques les représentants des salariés du groupe.

“Il n’y aura aucune délocalisation des emplois de R et D” (recherche et développement) et, concernant les sites du groupe, “aucun d’entre eux ne connaîtra de fermeture sur le territoire national”, a assuré M. Estrosi, qui venait de s’entretenir pendant une heure et quart avec une dizaine de représentants des salariés au ministère de l’Economie.

“J’ai des garanties de la part de la direction d’Alcatel, à laquelle je vais demander des confirmations parce que les salariés m’ont apporté un certain nombre d’éléments importants pour le dossier”, a continué M. Estrosi.

“J’espère avoir une confirmation dans les heures qui viennent”, a-t-il ajouté.

Mais selon Hervé Lassalle (CFDT, majoritaire), porte-parole de l’intersyndicale, les assurances fournies par la direction du groupe quant aux délocalisations sont “de la poudre aux yeux”.

“Il y a en permanence des délocalisations, ce ne sont pas des délocalisations brutales mais insidieuses, sur la durée (…). Les plans sociaux d’aujourd’hui sont le résultat des délocalisations d’hier. Les salariés ont transféré leurs compétences vers d’autres pays et plus tard on supprime leurs emplois en France”, a-t-il estimé à l’issue de la réunion.

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és d’Alcatel-Lucent à Eu le 23 juillet 2009 (Photo : Robert Francois)

Les syndicats sont néanmoins “rassurés que le ministre se soit engagé à suivre le dossier”, a-t-il ajouté.

“Le ministre ne va pas interdire le plan de restructuration mais la direction peut l’écouter”, a-t-il poursuivi, parce que “l’Etat a un rôle à jouer car il subventionne des entreprises, dont Alcatel, en recherche et développement par les crédits d’impôt recherche”.

Le ministre avait déjà assuré vendredi que l’équipementier en télécommunications “ne procèderait à aucune délocalisation à l’étranger” dans le cadre de la restructuration annoncée la veille. Mais les syndicats avaient soutenu que 150 emplois allaient être externalisés.

Par ailleurs, les syndicats ont salué “une bonne nouvelle” pour le site de Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), qui selon M. Estrosi, également maire de Nice, ne fermera pas. “Cela va dans le sens de la demande des salariés. On verra comment (le président du groupe, Philippe) Camus va prendre les choses”, a déclaré Hervé Lassalle.

Les salariés du site, qui compte 32 employés, étaient en grève mardi pour dénoncer un projet de fermeture.

Alcatel-Lucent, qui compte près de 11.000 salariés en France, a présenté la semaine dernière aux représentants du personnel un projet de réduction d’environ 850 postes sur deux ans, accompagné d'”un plan de sauvegarde de l’emploi principalement sur la base du volontariat”.

Depuis la fusion en 2006 entre le Français Alcatel et l’Américain Lucent Technologies, le groupe a lancé plusieurs plans de restructuration, totalisant 17.500 suppressions d’emplois d’ici fin 2009, dont plus de 2.000 en France.