à Hérouville-Saint-Clair (Photo : Mychele Daniau) |
[29/07/2009 15:51:25] PARIS (AFP) Malgré la chute du prix de lait payé aux producteurs depuis 2008, les Français ont continué à payer leurs briques au prix fort, distributeurs et industriels ayant conservé, voire augmenté, leurs marges, montrent deux études commandées par le gouvernement.
Ces études, publiées mercredi, avaient été demandées par Bercy et le ministère de l’Agriculture en pleine crise du lait en juin, en réponse aux interrogations des producteurs sur les marges des distributeurs et des industriels.
Une réunion a eu lieu mercredi à Bercy pour les présenter aux producteurs, industriels, distributeurs et représentants des consommateurs.
La première, réalisée par l’Observatoire des prix et des marges, porte sur le lait, le yaourt nature, le beurre et l’emmental. La seconde, réalisée par la direction générale de la concurrence, la consommation et la répression des fraudes (DGCCRF), se penche sur l’évolution des prix entre janvier 2007 et avril 2009 des produits laitiers de grandes marques et des marques de distributeurs (MDD).
“Ces études montrent que les producteurs et les consommateurs sont trompés”, soutient Jean-Bernard Bayard, secrétaire général adjoint de la FNSEA, principal syndicat agricole.
Le gouvernement, lui, n’a pas commenté ces travaux.
L’une des études indique que pour les yaourts, les consommateurs ont pu profiter de la baisse des prix payés au producteur à partir de 2008, de même que pour l’emmental et le beurre.
é U fait ses courses le 07 novembre 2005 dans le centre de Lyon. (Photo : Philippe Merle) |
Le consommateur paie actuellement 1,79 euro le litre de yaourt, contre 1,93 euro début janvier, 5,48 euros pour le kilo de beurre contre 5,93 en 2008 et 7,39 euros pour l’emmental contre 7,47 auparavant.
En revanche, le lait en brique est pointé du doigt, puisque la chute des prix à la production n’a pas été répercutée aux consommateurs. Le litre de lait au producteur était payé 40 centimes en janvier 2008 et il a baissé de quasi moitié en mai 2009, pour s’établir à 25 centimes. Parallèlement, le prix de la brique de lait au consommateur est passé de 70 centimes à … 69 centimes.
“Sur les briques de grandes marques, ce sont les industriels qui se sont accaparés la marge, quand la grande distribution n’a pas augmenté les siennes. En revanche, la grande distribution a augmenté ses marges sur les briques de lait MDD”, explique Olivier Andrault, responsable de l’alimentation à l’UFC-Que Choisir, membre de l’observatoire.
La part de la marge des industriels dans le prix du lait UHT payé par le consommateur est ainsi passée à 52,1% au deuxième trimestre 2009, contre 39,2% fin 2007, juste avant la chute des prix aux producteurs.
“Ce n’est pas en baissant nos tarifs, que nous allons régler les problèmes des producteurs”, assure Jéhan Moreau, directeur de la fédération des industries laitières. Ces études ne traduisent pas les difficultés du secteur, “c’est-à-dire les fortes importations de fromages et de lait, un prix au producteur non compétitif et des sociétés de lait qui ne se portent pas bien”.
La part de la marge des distributeurs est restée relativement stable sur la même période, passant de 16,7% à 17,1%.
Pourtant les producteurs, qui avaient multiplié les actions en juin, estiment que même à 17,1%, elle reste excessive. “Les distributeurs récupèrent une marge importante rien que pour mettre les produits en rayon”, soutient M. Bayard.
L’UFC-Que Choisir relève que les prix élevés du lait sont également le fait d’une absence de concurrence, deux groupes (Lactalis et Sodiaal) accaparant 75% du marché.