Critiqué, le patron d’EDF met en avant les solides résultats du groupe

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[30/07/2009 14:19:41] PARIS (AFP) Contesté pour ses coûteuses acquisitions à l’étranger et ses demandes de hausse de tarifs, le PDG d’EDF Pierre Gadonneix s’est appliqué jeudi à justifier sa stratégie, mettant en avant les “bons” résultats du groupe au premier semestre.

“Dans un contexte dégradé par la crise économique mondiale, nos résultats témoignent de la bonne résistance de l’activité du groupe”, a souligné M. Gadonneix au cours d’une conférence de presse.

Electricité de France a enregistré un bénéfice net de 3,1 milliards d’euros au premier semestre, inchangé par rapport à l’an dernier. Le chiffre d?affaires du groupe (34,9 mds d?euros) a lui progressé de 8,2%.

Meilleurs qu’attendu, ces chiffres ont été jugés “bons au regard du contexte” par les analystes de la banque CM-CIC.

Cible dernièrement d’attaques, Pierre Gadonneix a profité de l’occasion pour défendre sa stratégie d’expansion internationale.

L’acquisition de l’exploitant de centrales nucléaires British Energy (BE), jugée trop coûteuse, avait été vivement critiquée par les syndicats et une partie de la classe politique.

Début juillet, alors que M. Gadonneix demandait des hausses de tarifs de 20% sur trois ans, le conseiller spécial de l’Elysée Henri Guaino avait encore estimé que ce n’était pas aux Français de payer pour “des erreurs d’investissement à l’étranger”.

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électricité EDF réparent des lignes électriques le 11 février 2009 à Nuaille-d’Aunis (Photo : Xavier Leoty)

Sans lui répondre directement, le patron d’EDF s’est attaché à souligner que l’activité de son groupe progressait plus vite à l’étranger (+14,9%) qu’en France (+2,8%) et que cette croissance était en grande partie due au rachat de BE.

Il a aussi souligné que les bénéfices dégagés par British Energy permettaient de financer son acquisition.

“Je tiens à préciser que cette opération n’a pas coûté un centime aux Français”, a-t-il assuré.

Dans un contexte d’ouverture des marchés de l’énergie à la concurrence, l’entreprise publique n’avait de toute façon pas d’autre choix que de se développer à l’étranger pour continuer à croître, selon M. Gadonneix.

“A partir du moment où on ouvrait à la concurrence, il était certain que les monopoles nationaux (comme EDF) allaient perdre des parts de marché. Quand vous avez 100% de parts de marché, vous ne pouvez qu’en perdre”, a-t-il expliqué.

En France, le groupe estime en revanche que les activités ne génèrent pas suffisamment de ressources pour financer des investissements de 7,5 mds d’euros en 2009. Ce qui justifie à ses yeux la hausse de tarifs demandée.

La direction fait valoir aussi que les mouvements sociaux dans les centrales nucléaires françaises coûteront 450 millions d’euros en 2009 et que les tempêtes ayant endommagé les réseaux électriques 150 millions.

“On ne peut pas opposer l’international qui serait bon, au national qui ne serait pas bon”, juge cependant Philippe Pesteil, administrateur CFDT chez EDF. “Il est indéniable que l’international tire les résultats vers le haut et que le groupe est solide. Mais l’international tire aussi l’endettement vers le haut”.

La dette du groupe a plus que doublé depuis fin 2007. Elle atteignait 36,8 milliards d?euros fin juin, en grande part à cause de l’acquisition de BE.

Alors que le renouvellement de son mandat en novembre fait l’objet de nombreuses rumeurs, M. Gadonneix a aussi affirmé qu’il était “très heureux et très fier de conduire EDF en cette période de très grande mutation”.

La reconduction de M. Gadonneix est “le scénario le plus probable”, écrivait jeudi l’agence Dow Jones Newswires, citant des sources proches du gouvernement.

Interrogé par l’AFP, l’Elysée n’a fait “aucun commentaire”.