La
culture serait ce qui reste quand on a tout oublié, avait dit Malraux. Quand
on associe le mythique nom de Carthage à la culture, on imagine le somptueux
spectacle que peuvent offrir les 12.000 places sur des gradins millénaires
qui auraient des mélodies à chanter auxquelles s’ajoutent les chaises
proches des gradins et réservées à ceux qui les occupent …
Mais et encore mais, la culture s’achète-t-elle au marché noir ? De par ma
culture orientalo-occidentale, j’adore Aznavour, j’adore Warda, mais dois-je
aller surpayer un ticket qui est souvent cher pour aller les voir? La
question mérite d’être posée …
Et si le marché noir rappelle a certains de nos aînés des années sombres,
pourquoi accepter le principe de payer un ticket sur-évalué pour aller voir
un mastodonte de la chanson? On se retrouve curieusement dans un marché
parallèle, avec des revendeurs quasi patentés et des circuits souterrains
qui ressemblent curieusement à ce qui se passait du temps de la prohibition.
Vous allez sur Internet, il n’y a plus de billets, vous allez au Théâtre, il
n’y en a pas non plus, mais tout d’un coup, vous voyez au dernier moment ces
derniers apparaissent, comme par miracle…
Et si on fait un calcul sommaire pour les 36 spectacles programmés, on aura
en moyenne 10.000 spectateurs, soit au total 360. 000 personnes dont au
moins 10% auraient payé 20 à 40 DT de plus que le tarif normal la place,
soit un CA généré de un million de DT …
Alors, posons-nous la question suivante : Pour les spectacles au succès
assuré, pourquoi ne pas prévoir 2 soirées? Le festival ne peut que gagner en
notoriété, car il reste l’un des plus importants festivals à ciel ouvert qui
reçoive plus de 10.000 personnes dans un cadre quasi féerique.
Et comme j’ai décidé de ne pas jouer le jeu du marché parallèle, je reste
frustrée en broyant du noir et en rêvant à Warda et aux autres.