[05/08/2009 19:38:38] PARIS (AFP)
ût 2009 à Paris (Photo : Pierre Verdy) |
La décision de BNP Paribas de prévoir environ un milliard d’euros pour les bonus de ses équipes a déclenché mercredi une nouvelle polémique sur la rémunération variable des traders, l’établissement affirmant respecter les nouvelles règles prônées par le G20.
BNP Paribas a confirmé mercredi que le calcul effectué par Libération, qui fait état d’une enveloppe d’un milliard au titre du premier semestre, “est globalement exact”.
La banque a néanmoins souligné qu’il s’agissait d’un montant “virtuel”, “les rémunérations variables n?étant décidées qu?en fin d?année au vu des résultats définitifs de l?exercice”.
Le Parti Socialiste a dénoncé un “véritable scandale”, faisant le lien avec l’aide de l’Etat, qui a injecté 5,1 milliards d’euros dans la banque sous forme d’actions privées de droit de vote, dans le cadre du plan de soutien au secteur.
La CGT de BNP Paribas a elle parlé d’un retour “aux travers précédents”, qualifié d'”extrêmement inquiétant”.
En réponse, BNP Paribas a affirmé mercredi se conformer aux règles du G20, édictées en avril dernier pour encadrer les rémunérations dans les banques.
Interrogée par l’AFP, la directrice générale adjointe de la Fédération bancaire française (FBF) Valérie Ohannessian, a également rappelé les engagements pris par les banques françaises, à la demande du gouvernement, début février.
“Ces règles ne sont pas du vent et font l’objet d’un contrôle par la Commission bancaire”, a-t-on ajouté dans l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde.
Logo de BNP Paribas (Photo : Loic Venance) |
Le fait est que la France est en pointe sur le sujet et devrait être prochainement imitée par le Royaume-Uni, dont le régulateur prépare un code de conduite.
Les Etats-Unis ont, en revanche, publiquement renoncé, début juin, à influer sur les rémunérations dans les établissements bancaires.
L’un des “enjeux majeurs” du prochain G20 de Pittsburgh en septembre “sera de s’assurer que toutes les banques internationales appliquent des règles responsables” en matière de rémunération, a indiqué l’entourage de Mme Lagarde, qui cherche à sensibiliser les partenaires de la France sur cette question.
Néanmoins, l’adoption de règles n’a pas épargné une polémique à BNP Paribas, notamment liée à l’aide de l’Etat.
“Sans ce soutien, BNP Paribas n’aurait pu réaliser 1,6 milliard d’euros de bénéfice au deuxième trimestre et reconstituer ses marges”, a dénoncé le PS dans un communiqué.
“L’Etat bénéficie d’une rémunération de 8%” environ par an de ses actions, “ce qui est un taux supérieur à celui d’une dette ordinaire”, tempère Mme Ohannessian.
Pour l’entourage de Mme Lagarde, “le but du gouvernement est de mettre fin aux rémunérations qui ne sont pas la contrepartie d’une vraie performance et ne relèvent pas d’une gestion responsable”, mais “les bonus ne sont pas visés” en tant que tels.
En matière de bonus, BNP Paribas est confronté à un univers concurrentiel, insiste Jean-Pierre Gianno, administrateur salarié au conseil de la banque.
“BNP Paribas n’est pas une banque qui surpaye les gens”, estime-t-il, “mais si l’écart de rémunération devient trop important avec les autres banques, les traders ne vont pas rester”.
Pour sa part, l’association SOS Petits Porteurs a exigé “que +le milliard des traders+ de la BNP soit remboursé à l’Etat”, en annonçant qu’une pétition sera lancée sur son site internet. “Un milliard en plus pour les uns, qui bénéficieront aussi du +bouclier fiscal+ (…), un milliard en moins pour les autres”, a réagi l’association.