Un dirigeant de Molex bousculé par des salariés devant l’usine

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és de l’usine Molex de Villemur-sur-Tarn sont rassemblés devant la mairie de Toulouse, le 17 juillet 2009 (Photo : Eric Cabanis)

[05/08/2009 14:31:55] TOULOUSE (AFP) Un dirigeant américain de l’équipementier automobile Molex a été bousculé mardi soir par des salariés à la sortie de l’usine de Villemur-sur-Tarn, près de Toulouse, et a déposé plainte pour “violences”, tandis que les délégués syndicaux contestent sa version des faits.

En grève depuis le 7 juillet, les salariés de Molex ont été informés mardi de l’arrêt des discussions entre la direction et un éventuel repreneur de l’usine qui doit fermer fin octobre.

“Une quarantaine de personnes alcoolisées ont agressé verbalement puis physiquement Eric Doesburg”, directeur du développement de Molex USA, “lors de sa sortie de l’usine vers 21H30” mardi, a affirmé le co-gérant de l’usine de connectique automobile, Marcus Kerriou, ajoutant que M. Doesburg avait reçu “des coups de poing et de pied”.

La version des faits exprimée par la direction de Molex a été contredite par des représentants syndicaux présents sur les lieux de l’incident.

“Je suis formel, M. Doesburg n’a reçu aucun coup, simplement des oeufs”, a indiqué un représentant CGT, Guy Pavan, qui reconnaît cependant que “ça s’est échauffé un peu avec les gardes du corps”.

“M. Kerriou n’était pas présent sur les lieux et est donc mal placé pour dire ce qui s’est passé”, a indiqué le secrétaire du CE Denis Parise, entendu mercredi matin par les gendarmes.

“Il n’y a pas eu de coups, simplement des jets d’oeufs”, assure-t-il également. “J’ai appelé le ministère pour lui relater les faits, j’ai dit que personne ne s’est approché et que je m’étais personnellement interposé”, a ajouté M. Parise.

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à Paris (Photo : Francois Guillot)

Le procureur Michel Valet invite à rester prudent sur le déroulement des faits. “La journée a été tendue (mardi), il y a beaucoup de passion qui entoure (cette affaire). Attendons la fin de l’enquête” des gendarmes, a-t-il dit dans un souci d’apaisement.

Les plaintes pour violences sont très rares dans le cadre d’un conflit social.

Marcus Kerriou et la DRH de Molex, Coline Colboc, avaient été retenus contre leur gré pendant 24 heures et avaient quitté l’usine le 21 avril sous les sifflets et les injures d’une centaine d’ouvriers.

Selon le représentant du CE de Molex, “la véritable agression est celle dont vont être victimes quelque 300 familles à partir d’octobre”, lors de la fermeture prévue de l’usine.

Le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, a condamné dans un communiqué “ces actes de violence exercés par une minorité qui desservent la cause des salariés et rendent encore plus difficiles les négociations”.

M. Estrosi, qui devait rencontrer mercredi après-midi Eric Doesburg, a précisé qu’il “le recevra dans quelques jours” et qu’il allait “s’entretenir téléphoniquement dans la journée avec le président du Groupe Molex, Martin Slark”.

“La direction a décrété que le repreneur n’était pas sérieux et a décidé de ne rien vendre. Ce n’était donc pas la peine de nous faire espérer”, a indiqué M. Pavan justifiant ainsi la colère des salariés.

Les 283 salariés de Molex à Villemur contestent les justifications économiques conduisant à la fermeture du site, un cabinet d’experts ayant conclu que l’usine était “viable”. Les salariés dénoncent la construction aux Etats-Unis d’une usine jumelle de Villemur, pour y délocaliser la production.

Le CE, estimant ne pas avoir été “loyalement informé”, a obtenu la suspension du plan social en justice le 19 mai. Molex a dû entamer une nouvelle procédure début juillet.