Concurrencée par internet, la Poste américaine dans une mauvaise passe

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ée de la poste américaine au volant de son fourgon postal pendant sa tournée, le 5 août 2009 à Centreville, en Virginie (Photo : Paul J. Richards)

[06/08/2009 09:53:36] WASHINGTON (AFP) Des boîtes à lettres qui se raréfient, des bureaux de poste qui ferment, un volume de courrier en chute libre: la Poste américaine traverse une mauvaise passe, concurrencée par internet et déprimée par la récession.

Jusqu’à un millier de bureaux de poste pourraient disparaître aux Etats-Unis sur les quelque 32.000 en activité alors que la poste a subi la chute du volume du courrier la plus sévère de son histoire, a averti récemment la direction de l’US Postal Service (USPS) lors d’une audience au Congrès.

L’USPS a annoncé mercredi une perte nette de 2,4 milliards de dollars au 3e trimestre pour un chiffre d’affaires opérationnel de 16,3 milliards de dollars en chute de 9%.

Pour la première fois depuis des décennies, la Poste est tombée dans le rouge en 2008, avec un déficit de 2 milliards de dollars qui devrait plus que tripler en 2009.

“La situation financière de la Poste est grave”, a souligné récemment Jordan Small, le vice-président de l’entreprise publique, devant la Commission de surveillance de la Chambre des représentants.

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ée de la poste américaine collecte le courrier pendant sa tournée, à bord de sa camionnette, le 5 août 2009 à Centreville, en Virginie (Photo : Paul J. Richards)

La Poste devrait distribuer 175 milliards de lettres et colis en 2009, soit 38 milliards de moins qu’en 2007, alors que l’organisation est bâtie pour en distribuer 300 milliards par an.

Sur les trois premiers trimestres de 2009, 20 milliards de lettres et de colis de moins ont manqué à l’appel. Sur le dernier trimestre, ce sont 7 milliards d’objets qui ont fait défaut par rapport à la même période de l’an passé, “la plus large chute en volume depuis 1971”, a affirmé la direction mercredi, prédisant que “la tendance aux remplacement du courrier par des solutions électroniques va continuer de faire pression sur le trafic postal dans les années à venir”.

La baisse de 13,7% du volume en 2009 constitue “la chute la plus importante depuis la Grande dépression” des années 1930, a en outre noté dans un rapport la Cour des comptes américaines (GAO). L’instance a placé l’USPS sur la liste des agences gouvernementales dont la situation financière est “à haut risque”.

La part du marché postal est dévorée par internet, alors que les entreprises comme les particuliers ont opté pour le courriel et les transactions électroniques sans que le commerce par correspondance généré sur la toile n’ait compensé la perte de volume de trafic.

En 2000, le pourcentage de foyers payant leurs factures par courrier était de 80%. Il est tombé en 2008 à 56%, selon le GAO.

A partir de fin 2006, le déclin du trafic “s’est accéléré avec la récession économique, particulièrement parmi les grands utilisateurs de la Poste comme les secteurs de la publicité, des services financiers et de l’immobilier”, a ajouté le GAO, soulignant que “les projections à 5 ans suggèrent que ce trafic perdu ne reviendra pas”.

Le parc de boîtes aux lettres a été réduit de moitié ces vingt dernières années, tombant à 175.000.

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ée de la poste américaine distribue le courrier, le 5 août 2009 à Centreville en Virginie (Photo : Paul J. Richards)

Pour 2010, les perspectives sont tout aussi sombres, malgré l’augmentation des tarifs postaux en mai. “L’USPS s’attend à des problèmes financiers continus en 2010, avec un déficit du même ordre, même en réalisant de plus grandes économies”, s’alarme le rapport, soulignant que la dette va dépasser les 13 milliards de dollars.

D’autres réductions de postes sont prévues, après 150.000 départs depuis 2000, pour un effectif de 640.000 personnes en 2009,.

L’activité de quelque 3.200 bureaux de postes urbains et de banlieue va être “évaluée” dans l’optique d’une restructuration et près d’un millier connaîtront “une évaluation plus poussée”, a indiqué le vice-président Jordan Small, laissant entendre que plusieurs centaines de bureaux sont condamnés à fermer ou fusionner.