J’ai
fini par aller voir Warda, et j’avoue que, malgré la mauvaise forme de la
star, les 2 heures furent un délice, car pour notre subconscient, Warda
c’est l’égérie de la révolution algérienne, sa voix était un délice et sa
présence sur scène remarquable.
Mais que faire pour lutter dans ces conditions de fragilité extrême sur un
site comme celui de Carthage où tout est fait pour montrer à la star que la
véritable vedette c’est d’abord le Théâtre et ensuite, et surtout, le
public? Quand Warda se présenta, toussotante et fatiguée, le public n’en eut
cure et on eut la nette impression que c’était elle qu’il était venu
écouter, un public entassé et mélomane plutôt que le contraire !
Merveilleux public de Carthage, juché –ou plutôt entassé- sur des gradins,
il battait la mesure accompagnée par un orchestre de 32 instruments ! Et il
tint à bout de bras 2 heures durant l’héroïne déchue au prestigieux passé
qui subissait avec le sourire ce tsunami chantant de plus de 12.000
spectateurs conquis d’avance et qui pardonnent avec le sourire cette
défaillance …
Ce qui est aussi génial à Carthage, c’est la forme de cette cuvette
naturelle façonnée par des géniaux concepteurs il y a plus de 2.000 ans qui
y ont créé des gradins avec des pentes à 3/2, présentant une forme telle que
le point focal soit pratiquement l’axe de la scène et la musique et la voix
du chanteur et le public entrent en parfaite symbiose.
Malgré quelques défaillances quelque peu insignifiantes, diriger et
canaliser dans le calme et la sérénité et avec du doigté plus de 12.000
personnes et au moins 5.000 véhicules vers ce cul de sac et ensuite les
faire sortir relève de l’exploit !
Sacrée Warda, on t’aime de toutes les façons et tout le monde sait que les
belles chansons sont éternelles.