Fannie Mae enregistre une nouvelle perte colossale et sollicite le Trésor

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ée du siège de Fannie Mae, le 14 juillet 2008 à Washington (Photo : Karen Bleier)

[07/08/2009 04:47:35] WASHINGTON (AFP) L’organisme américain de refinancement hypothécaire Fannie Mae a subi une nouvelle perte colossale au deuxième trimestre, qui l’a contraint à réclamer 10,7 milliards de dollars supplémentaires au Trésor pour revenir à une situation nette positive.

La société a perdu 14,8 milliards de dollars, contre 23,2 milliards de dollars au trimestre précédent, a-t-elle annoncé jeudi dans un communiqué.

Son déficit par action s’est établi 2,67 dollars au cours de la période sous revue, contre 4,09 dollars trois mois plus tôt.

Ces nouvelles et lourdes pertes ont été provoquées par un effort considérable de provisionnement de 18,8 milliards de dollars destiné à refléter la montée des impayés parmi les emprunteurs hypothécaires américains et la poursuite d’une situation très difficile sur le marché immobilier.

La remontée des places boursières a toutefois permis au groupe d’enregistrer des plus-values comptables sur ses placements, qui sont évalués à leur valeur de marché. D’autant que Fannie Mae dispose désormais de plus de latitude pour déterminer leur valeur depuis l’adoption de nouvelles normes comptables.

Fannie Mae, comme son concurrent Freddie Mac, avait été placée à l’automne sous tutelle des pouvoirs publics pour échapper à la faillite.

Le Trésor a depuis ouvert une ligne de crédit de 200 milliards de dollars pour chacune d’entre elles, sur lesquelles les sociétés peuvent puiser pour maintenir leur valeur d’actifs supérieure à leur passif.

Depuis le début de l’année, Fannie Mae aura donc du faire appel à cette facilité à hauteur de 45,9 milliard de dollars: 16,2 milliards en février, 19 milliards en mai et maintenant 10,7 milliards. Le coût de son sauvetage pour les finances publiques dépasse donc désormais celui des grandes banques commerciales Citigroup et Bank of America (45 milliards chacune).

Fannie Mae a prévenu que la facture finale sera bien plus lourde encore.

“En raison des tendances actuelles dans les marchés financiers et immobiliers, nous nous attendons à avoir une situation nette déficitaire à l’avenir et nous serons donc amenés à obtenir des fonds additionnels de la part du Trésor”, a-t-elle averti dans son communiqué.

De surcroît, l’établissement va devoir réintégrer dans ses comptes, à compter du 1er janvier, une “majorité substantielle” de ses placements hasardeux, jusqu’ici parqués dans des structures hors bilan. Le groupe n’a pas tenté de chiffrer l’impact sur ses résultats de cette décision.

Selon le quotidien Washington Post, le gouvernement américain réfléchirait à une scission de Fannie Mae (et de Freddie Mac), en deux établissements: une “bonne” banque reprenant ses activités traditionnelles de refinancement et une “bad bank” chargée d’administrer ses actifs invendables.

Libérés de leurs actifs toxiques, les deux poids lourds de la finance américaine, longtemps piliers du marché immobilier, pourraient venir soulager un marché du crédit toujours faible.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs a toutefois affirmé jeudi qu’il était “largement prématuré” de penser qu’on en soit au point que cela fasse “l’objet de discussions de hauts reponsables économiques”, et qu'”aucune réunion” n’était prévue sur cette question.

A eux deux, Freddie Mac et Fannie Mae garantissent plus de 40% de l’encours des prêts immobiliers accordés aux Etats-Unis.

Dans les échanges électroniques suivant la fermeture de la séance de Wall Street, l’action Fannie Mae, qui avait beaucoup monté ces derniers jours, cédait 5,70%, à 0,74 dollar.