Téléphonie mobile : un 4e opérateur en France alors que le marché se concentre en Europe

[07/08/2009 10:04:13] PARIS (AFP)

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éléphone portable (Photo : Fred Dufour)

La décision de la France de se doter d’un quatrième opérateur de téléphonie mobile intervient alors qu’un mouvement de concentration est à l’oeuvre dans d’autres pays européens, où un nombre plus important de licences avait été attribué au départ.

Le gouvernement français a lancé samedi un appel à candidatures pour attribuer cette quatrième licence. Le nouvel opérateur de réseau, qui devra débourser 240 millions d’euros pour obtenir son ticket d’entrée, sera en concurrence avec SFR, Orange (France Télécom) et Bouygues Telecom, qui ont obtenu leur licence en 2001 et 2002.

La procédure française fait figure d’exception en Europe de l’Ouest où “l’essentiel des licences 3G (troisième génération de téléphonie mobile) a été attribué entre 2000 et 2002”, souligne Didier Pouillot, de l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).

Le marché a plutôt tendance à “se concentre(r)” dans les autres pays, note-t-il.

Alors qu’aux Pays-Bas, cinq licences avaient été attribuées, seuls trois opérateurs de réseau sont aujourd’hui en activité, KPN ayant racheté son rival Telfort en 2005 et T-Mobile, la filiale d’Orange en 2007.

En Allemagne, alors que six licences 3G avaient été concédées, uniquement quatre opérateurs ont déployé des services. Même chose en Italie, pour cinq licences initialement accordées.

“Et aujourd’hui, il y a encore des interrogations sur une éventuelle poursuite de la concentration sur certains marchés comme au Royaume-Uni”, où cinq opérateurs de réseau sont en activité, explique le chercheur de l’Idate.

“T-Mobile essaie de se désengager du marché britannique. Une des hypothèses est que ce réseau soit repris par un des opérateurs existants. Hutchinson chercherait aussi à se séparer de ses activités, en Italie et au Royaume-Uni”, précise-t-il.

La raison: le ralentissement de la croissance du secteur, qui conduit les opérateurs internationaux à se recentrer et à céder leurs activités les moins rentables.

“Aujourd’hui, l’équilibre se fait plutôt aux alentours de trois ou quatre opérateurs de réseau”, affirme M. Pouillot, ajoutant: “des marchés ont su montrer qu’il y avait de la place pour quatre licences”.

Pour Ian Fogg, analyste chez Forrester, la situation de la France était d’ailleurs “quelque peu inhabituelle”, vu la taille de son territoire et sa population.

Pour autant, souligne-t-il, “le problème (pour le futur opérateur) est que le marché français est relativement mature. La plupart des gens ont déjà un mobile”.

“Il y a une opportunité mais les conditions seront difficiles”, ajoute-t-il, en donnant l’exemple de Hutchinson, arrivé en 2003 sur le marché britannique, soit neuf ans après les deux derniers opérateurs, et qui possède aujourd’hui seulement environ 5% de part de marché, contre 20 à 25% pour les quatre autres.

Selon lui, l’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms, “devra faire en sorte de mettre en place les conditions” permettant son développement.

Les MVNO, (opérateurs mobiles virtuels) qui louent le réseau des opérateurs, n’ont de leur côté pu se faire qu’une faible place en France – 5% de part de marché – où ils sont aussi arrivés tardivement.

Selon Ian Fogg, plus que les opérateurs de réseau – qui possèdent une licence et exploite leur propre réseau – ce sont d’ailleurs les MVNO qui “souffrent”.

Aux Pays-Bas, longtemps “présenté comme un pionnier”, les MVNO, qui possédaient “début 2007 plus de 25%” de part de marché, n’en détenaient plus que 8% fin 2008, du fait d’une vague de rachats, selon M. Pouillot. Une “décrue” constatée dans plusieurs pays.