Volkswagen va prendre le contrôle de Porsche et veut rivaliser avec Toyota

photo_1250186522817-1-1.jpg
à Salzbourg (Autriche) (Photo : Schaadfoto)

[13/08/2009 20:32:32] FRANCFORT (AFP) Le constructeur allemand Volkswagen a fait passer jeudi son projet de prise de contrôle de son rival Porsche et ambitionne désormais ravir à Toyota la place de numéro un mondial de l’automobile.

Les conseils de surveillance des deux entreprises, dont les liens historiques et familiaux sont très étroits mais qui se disputaient depuis des années pour prendre le contrôle l’une de l’autre, ont validé un projet d’union dominé par Volkswagen qui devrait être complété d’ici la mi 2011.

Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen, va d’ores et déjà reprendre la direction de Porsche, et l’actuel directeur financier de Volkswagen Hans Dieter Pötsch fera le même cumul de fonctions.

Désormais Volkswagen a “plus que jamais l’outil (pour devenir) le numéro un de l’industrie automobile”, a claironné M. Winterkorn dans un communiqué de VW après l’annonce du plan de fusion.

Dans le sillage de M. Winterkorn triomphe le puissant Ferdinand Piëch, dit “le patriarche”, président du conseil de surveillance de Volkswagen et grand artisan de l’élargissement patient du groupe depuis les années 1990, devenu entre-temps le premier constructeur européen.

En juillet, M. Piëch, également grand actionnaire familial de Porsche, avait déjà obtenu la démission du patron de ce dernier, le provocateur Wendelin Wiedeking.

Porsche tentait depuis des années de prendre le contrôle total de VW par des achats d’actions mais il avait dû finalement y renoncer en mai, acculé par des dettes devenues intenables (environ 9 milliards d’euros), la crise financière et un chiffre d’affaires en berne.

La pilule est dur à avaler pour Porsche, qui va être obligé de revendre ses options sur actions VW et de passer des dépréciations, ce qui devrait lui causer une perte imposable de 5 milliards d’euros maximum pour son exercice 2008/2009.

A ces ennuis financiers s’ajoute une question d’honneur: le chef du comité d’entreprise de Porsche, l’ancien boxeur Uwe Hück faisait encore savoir début août que Volkswagen ne pourrait pas “acheter l’âme des ouvriers de Porsche” et que l’on ne construisait pas “une Porsche avec des morceaux de Polo”.

Porsche compte 11.000 employés qui redoutent notamment des conséquences sociales de leur intégration dans le groupe Volkswagen, fort de près de 400.000 salariés dans le monde.

Le constructeur de la célèbre 911 est cependant parvenu à inclure dans le projet d’union une clause selon laquelle “aucun contrat de domination ni de transfert de bénéfices” ne pourra être signé avec Volkswagen jusqu’en 2020.

Volkswagen va commencer par débourser d’ici la fin de l’année 3,3 milliards d’euros pour s’emparer de 42% de Porsche. Suivront ensuite une augmentation de capital chez Volskwagen au premier semestre 2010 pour financer cet achat, puis une autre chez Porsche début 2011 pour augmenter la part de Volkswagen.

Mais celui-ci devra partager son butin avec un invité, l’émirat du Qatar, qui doit entrer dans le capital de Volkswagen via un rachat d’actions VW encore détenues par Porsche.

Cependant les négociations avec le Qatar ne sont pas encore terminées et des discussions avec les banques créancières de Porsche vont être entamées, a prévenu VW.

Fin juillet, M. Winterkorn avait laissé entendre que le nouveau groupe intégré pourrait prendre un nouveau nom, comme “Auto Union”, en référence à un ancien groupement de 4 marques allemandes fondé en 1932, et qui comprenait Audi, aujourd’hui filiale de VW.

Mais finalement rien de tel n’a été évoqué jeudi. Un nouveau nom aurait peut-être fait de l’ombre à celui de… Volkswagen.