à la sauvette à Johannesburg, le 28 juillet 2009 (Photo : Alexander Joe) |
[21/08/2009 06:48:37] JOHANNESBURG (AFP) Les gratte-ciels du centre de Johannesburg reflètent désormais des scènes qui témoignent de l’impact de la crise mondiale sur la première économie du continent africain: de plus en plus nombreux, des vendeurs de rue proposent gants, bonbons ou fruits sur le trottoir.
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), il y avait 500.000 vendeurs à la sauvette en 2000 en Afrique du Sud, pays où, contrairement au reste du continent, les centres commerciaux sont rois. En 2007, ils étaient 987.000, d’après des chiffres officiels sud-africains.
Avec l’entrée en récession du pays cette année – pour la première fois depuis la fin du régime ségrégationniste en 1994 – et la suppression de près d’un demi-million d’emplois depuis le début de l’année, les trottoirs comptent toujours plus de marchands improvisés.
Dans une rue du centre de la capitale économique Johannesburg, Sthabile Mahlangu s’est résolue à installer un modeste étal qu’elle range chaque soir, un travail peu considéré et autrefois réservé aux immigrés les plus pauvres.
Sans qualification et avec un taux de chômage qui flirte avec les 40% selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle n’a pas eu d’autre choix après avoir perdu son emploi de femme de ménage en 2007.
“Ces trois dernières années, le nombre de vendeurs des rues a triplé” dans le quartier, constate cette vendeuse de fruits, cigarettes à l’unité et bonnets, en concurrence désormais avec six autres étals.
Cette mère de quatre enfants a seulement interrompu son activité lorsqu’elle a reçu une amende de 800 rands (99 dollars, 70 euros) pour commerce illégal. “Je suis restée à la maison pendant deux mois environ, et puis je m’y suis remise”, faute d’autre chose, raconte-t-elle.
Vue du centre-ville de Johannesburg (Photo : Odd Andersen) |
La majorité des marchands à la sauvette “se sont lancés dans ce commerce pour échapper à la pauvreté et au chômage”, dans un pays où les allocations chômage ne sont versées que pendant quelques mois, explique un chercheur à l’Université d’Afrique du Sud, Andre Ligthelm.
Selon lui, ces marchands réalisent entre 7 et 8% du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique du Sud.
En dépit de leur poids relatif dans l’économie, la plupart de ces vendeurs, illettrés et pauvres, sont “traités comme une nuisance qui doit disparaître des rues”, explique Thabo Koole, porte-parole d’un groupe religieux qui travaille auprès des plus démunis, le Service oecuménique pour la transformation socio-économique.
Ainsi à Durban, les autorités de cette ville portuaire de l’est du pays prévoient de construire un centre commercial sur un marché très populaire qui fait vivre plus de 7.000 personnes.
“Les gouvernements locaux ne semblent pas tenir compte du fait qu’il y a une crise en ce moment, ils vendent des espaces publics et ensuite expulsent les personnes” qui travaillent sur place depuis longtemps, déplore Pat Horn, coordinateur d’un regroupement de vendeurs de rue, StreetNet.
En juin, le nouveau président et leader du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) Jacob Zuma s’est engagé à créer un demi-million d’emplois d’ici la fin de l’année.
“Si on attend que l’ANC crée des emplois, on va mourir de faim”, affirme Sthabile Mahlangu, tout en essayant de convaincre des passants d’acheter quelques-uns de ces produits.