La vieille Europe décriée par Donald Rumsfeld, ancien secrétaire américain à la
Défense, a bien du mérite…
A Washington, chaque monument, chaque édifice est dédié à une grande figure de
l’Histoire des states. Chaque fait, chaque acte revêt une signification
particulière comme pour donner plus de relief à un pays, à des institutions dont
les racines ne remontent pas très loin dans l’histoire mais qui sont aujourd’hui
les plus fortes, les plus influentes de par le monde. Comme aussi pour rappeler
aux Américains et ancrer dans leurs mémoires les sacrifices et les réalisations
des Hommes qui ont fondé ce qu’est devenue aujourd’hui la Puissance. Honorer
leurs mémoires, c’est aussi remémorer aux jeunes générations américaines que le
pays ne s’est pas construit en un seul jour et que tous ceux qui se sont
consacrés à son édification méritent respect et reconnaissance. Aux USA, on ne
renie pas l’histoire, on l’honore. Peut-être parce que l’on est conscient du
fait qu’une nation est une histoire commune, un présent partagé et un même
regard tourné vers l’avenir …
Musées…et monuments…
De la mémoire, beaucoup pour un jeune pays continent. Sa capitale abrite un
nombre innombrable de musées, aussi superbement conçus les uns que les autres.
Même si les références architecturales y semblent parfois confuses. S’il est
vrai que l’Egypte, la Grèce, Rome et l’Europe ont inspiré ses bâtisseurs,
ceux-ci en ont profité pour faire plus et en plus grand. Vous vous baladez à
Washington et vous avez devant vous Londres, Paris, ou Rome. Tous styles
architecturaux confondus, l’étendue en plus pour rappeler l’immensité du pays.
Washington, centre politique des States serait pour beaucoup la plus humaine, la
plus chaleureuse, même si pour les Américains de souche, elle représente un
style de vie trop sérieux, strict et raffiné à leur goût. Les mémoriaux y sont
légion. C’est la grande spécialité américaine. Ils rappellent, renseignent et
inspirent. Il y en a pour rappeler les grands faits d’armes des soldats
américains, la naissance des USA, la guerre de sécession ou le premier pas de
l’homme sur la lune.
Les réalisations importantes, les actes de bravoure, les exploits scientifiques,
sportifs ou politiques sont tous mis en lumière, du plus infime au plus
importants. Vous pouvez trouver exposée, dans un musée, la tenue dans laquelle
une célèbre journaliste a interrogé les maîtres de la Maison Blanche, un bloc de
béton éperonné d’une antenne satellitaire recueillie au World Trade Center, ou
encore les portraits des conspirateurs qui ont tué Abraham Lincoln appelé le
juste (Newsmuseum).
De Lincoln, père de la nation à la conquête de l’espace, de la préhistoire, aux
exploits sportifs, et arts contemporains, les oeuvres, les musées, il y en a
pour tous et à tous les goûts. Particularité américaine, ils sont gratuits dans
leur majorité.
Le National «Museum of natural history, le National Air and Space Museum, le
Smithsonian Institution, à la fois musée et centre de recherche, Air and Space
Museum, National Museum of African Art, le National Museum of American History,
le Anacostia Museum et Center for African American History and Culture et le
National Museum of the American Indian, jusqu’à un musée consacré à l’espionnage
et un autre au crime… L’un des meilleurs est indubitablement «La National
Gallery of Art» incontournable abrite des collections magnifiques de peintures
européennes du moyen âge au XIXe siècle, des œuvres récentes aussi. On peut y
admirer les chefs d’œuvre de Van Gogh, Monet, Vermeer ou Rembrandt. Picasso et
Matisse, y sont aussi présents. Le complexe totalise plus de 70 000 œuvres.
«En France, les revenus du musée du Louvre atteindraient des centaines de
millions de $ par an, précise un journaliste égyptien, là-bas ce n’est pas
gratuit, aux Etats-Unis par la gratuité, on attire les visiteurs, on pousse le
public à fréquenter les musées, au-delà du savoir, c’est le fait d’offrir aux
jeunes des modèles, et de les convaincre qu’ils sont le produit d’une histoire
courte dans le temps et riche par les faits». On construit une nation en
consacrant ses héros.
Le Lincoln Memorial, dédié à Abraham Lincoln, dont le nom est étroitement lié à
la Guerre de sécession et l’abolition de l’esclavage, abrite une statue
majestueuse qui mesure près de 6 mètres entourée de peintures murales, «l’une
représente l’Ange de la Vérité et l’autre celui de la Fraternité et la Charité»,
explique le guide.
Un autre monument dédié à George Washington, et une magnifique statue de bronze
de 5,8 mètres à Jefferson, siégeant sous une coupole soutenue par des colonnes
dans le style du Panthéon de Rome.
Le national Mall, symbole de la toute puissance américaine, est une grande
esplanade qui constitue un axe monumental de Washington. Un écrin de verdure y
trône entre l’obélisque et le capitole édifiés sur les pylônes de temples
égyptiens mais en plus grand et en plus haut et longé des drapeaux représentant
tous les Etats américains. L’esplanade est également l’endroit où tous ceux qui
contestent les décisions du gouvernement américain viennent exprimer leur
mécontentement, de la guerre en Irak jusqu’aux manifestations sur les inégalités
sociales aux USA ou encore des dissidents politiques des autres pays du monde,
elle reste le lieu idéal pour faire parvenir sa voix aux «maîtres du monde»….Ces
voix portent-elles ? Difficile à savoir…
«It’s not like in the movies»
Eh non, comme le dit à juste titre une journaliste thaïlandaise, «ce n’est pas
comme dans les films», les Américains n’ont pas tous un mètre 80 de hauteur, ne
sont pas tous des gravures de mode sortis tout droit des catalogues, ils n’ont
pas tous le charme irrésistible de Robert Redfort ou de Brad Pitt, le
raffinement et la classe de Richard Burton ou encore le charisme et la présence
d’Al Pacino ou Clark Gable. Ils sont des gens comme nous, sauf qu’ils sont
citoyens de la première puissance du monde et fiers de l’être. «Dans notre pays,
on nous a toujours dit que nous méritons tous ce que nous avons, nous en
profitons et parfois, nous poussons l’inconscience jusqu’à l’imprudence, c’est
ce qui explique en partie la crise que nous vivons aujourd’hui», explique une
dame. Loin de l’image de cowboy dont nous les traitons assez souvent et qui est
le fait de l’arrogance de certains de leurs dirigeants, l’homme de rue aux
Etats-Unis est amical, gentil et serviable, vous lui demandez un renseignement,
il répond volontiers et n’hésite pas à prendre le temps pour vous indiquer votre
chemin si vous êtes perdu.
Le reste du monde ne les intéresse pas tant qu’ils ne sont pas directement
concernés. «Si vous me demandez ce que je voudrais changer dans mon pays, je
vous répondrais, je voudrais que mes compatriotes soient moins nombrilistes et
réalisent qu’au-delà des USA, il existe d’autres peuples et d’autres pays», a
déclaré Carla Miller, fondatrice de «City Ethics», une organisation qui lutte
contre la corruption et veille au respect de l’éthique dans les mairies
américaines. Vous connaissez la Palestine ? Beaucoup ne sauront pas vous
répondre. La Tunisie, non plus à moins que vous ne leur expliquiez qu’elle est
située dans le Nord de l’Afrique et qu’elle a été à l’origine d’une grande
civilisation appelée Carthage, de là à savoir que les Romains l’ont colonisée
pendant 7 siècles et que Carthage a été l’une des premières démocraties au
monde… Israël est le sujet tabou qu’on préfère ne pas aborder ou très
prudemment, la mainmise du lobby juif pèse trop lourd aux Etats-Unis.
Les Américains sont connus pour avoir le plus grand nombre d’ONG, d’organismes,
pour veiller au respect du droit et préserver les citoyens des abus et de la
corruption. Ils peuvent s’intéresser aussi bien aux faits et actes des membres
du gouvernement qu’aux pratiques de certaines multinationales, des firmes
pharmaceutiques, aux agissements de le police, de l’armée, rien n’échappe à
l’œil vigilent de ces organismes. Une organisation veillerait même à protéger
les informateurs qui disposent de renseignements importants et qui dénoncent des
actes illicites, objectifs garantir la transparence au niveau de tous les
échelons de l’administration publique ou des opérateurs privés. Cela ne marche
pas à tous les coups mais le simple fait de savoir que des institutions
pareilles existent représente un grand réconfort pour le pouvoir central et les
nationaux et la garantie qu’ils peuvent être soutenus en cas de besoins tout en
ayant un effet dissuasif sur les personnes qui manquent d’intégrité.
On peut aimer ou ne pas aimer les Américains, c’est selon, mais on ne peut pas
ne pas admirer leurs institutions, celle qui font leur réelle grandeur et qui
leur donnent foi en leur pays.