Numérisation des livres : Bruxelles encourage les partenariats avec le privé

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é sur le site de la Bibliothèque numérique mondiale (BNM), le 9 avril 2009 (Photo : Karin Zeitvogel)

[27/08/2009 17:53:41] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a appelé jeudi les grandes institutions culturelles de l’UE et des sociétés privées comme Google à s’allier pour numériser le patrimoine culturel de l’Europe, alors que le débat à ce sujet fait rage dans plusieurs pays, dont la France.

La Commission doit faire le point vendredi sur les progrès d’Europeana, la “bibliothèque numérique multilingue” mise en ligne en novembre 2008 avec l’aide de grandes bibliothèques publiques ou de musées européens.

En neuf mois d’existence, le nombre de documents accessibles sur le site www.europeana.eu (livres, cartes, photos, films et journaux) est passé de 2 à 4,6 millions.

Cette médiathèque numérique, dont l’accès est gratuit, s’est notamment enrichie de 70 incunables de la Bibliothèque de Catalogne et de photos prises sur la Friedrichstrasse de Berlin en 1913. L’objectif est d’atteindre les 10 millions de documents d’ici à la fin de l’an prochain.

Mais pour véritablement aboutir à une numérisation complète du patrimoine culturel de l’Europe, la Commission ne voit pas d’un mauvais oeil le recours à des groupes comme Google.

Officiellement, elle se dit “neutre” quant au rôle respectif que devront jouer les secteurs privés et publics dans la poursuite de la numérisation des énormes fonds des bibliothèques et n’écarte pas un financement purement public.

Mais, comme l’a relevé le 18 août un haut responsable de la Bibliothèque nationale de France (BNF), Denis Bruckmann –rompant spectaculairement avec l’attitude extrêmement rétive adoptée jusque-là par son institution–, cette numérisation a un coût extrêmement élevé.

Il s’agit même d’une “tâche herculéenne”, souligne la commissaire pour la Société de l’Information et les Médias, Viviane Reding.

“La Commission soutient une approche qui est ouverte aux initiatives du secteur privé et à l’innovation technologique”, souligne un document distribué jeudi par ses services.

Pour multiplier par 15 le nombre de documents numérisés, comme le souhaite Bruxelles, le recours au secteur privé ne sera néanmoins pas suffisant.

Il faudra aussi moderniser et harmoniser au niveau européen les législations en matière de droits d’auteur, estime la Commission, qui relève que les livres disponibles sur Europeana sont tous du “domaine public”, ce qui n’arrive que 70 ans après la mort de l’auteur.

Il faudra également trouver une solution au problème des “livres orphelins”, des ouvrages qui ne peuvent être mis en ligne faute de pouvoir demander l’accord de leurs auteurs, dont la trace a été perdue.

Enfin, Bruxelles suggère la création d’un “registre” européen, qui permettrait de vendre en ligne des livres toujours sujets aux droits d’auteur mais épuisés dans leur version papier. Aux Etats-Unis, Google a signé un accord de partage des revenus avec les éditeurs, une solution dont la Commission aimerait que l’Europe s’inspire.

La bibliothèque numérique multilingue Europeana