écile Duflot le 3 septembre 2009 à l’Elysée (Photo : Gerard Cerles) |
[04/09/2009 04:20:52] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy préside ce vendredi à l’Elysée une réunion interministérielle sur la taxe carbone, programmée pour 2010, alors que le débat fait rage sur ce dispositif auquel 66% des Français se disent opposés, selon un sondage.
Jeudi soir, le chef de l’Etat a affirmé que “les arbitrages sur la contribution climat énergie n’étaient pas rendus ni sur le montant ni sur les modalités de compensation”, a déclaré Cécile Duflot (Verts) à l’issue d’un entretien à l’Elysée.
Le président, selon Mme Duflot, a précisé que les arbitrages ne seraient “probablement pas rendus” à la réunion de vendredi et que “sa position n'(était) pas arrêtée”.
François Fillon assurait pourtant la veille que la taxe serait fixée initialement à 14 euros par tonne de CO2 (la commission Rocard avait proposé 32 euros), précisant qu’elle ne toucherait pas l’électricité. M. Sarkozy “nous a dit qu’il n’avait pas lu” l’interview de son Premier ministre, a assuré l’eurodéputé Jean-Paul Besset (Europe Ecologie).
En déplacement dans l’Orne, le président a dit “assumer” la taxe carbone. De son côté, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a indiqué que le gouvernement “travaill(ait) actuellement à une redistribution à l’ensemble des ménages, pour éviter que ça ne constitue un nouvel impôt”.
En attendant le débat fait rage. Les deux tiers des Français y sont opposés, selon un sondage TNS-Sofres pour Europe 1, le taux de ceux qui jugent la taxe inefficace allant jusqu’à 73%.
Le gouvernement et sa majorité ne veulent surtout pas donner l’impression de créer un impôt supplémentaire. “C’est un bonus-malus: il y a une contribution d’un côté et il y a une restitution intégrale qui va être faite de l’autre”, a assuré Jean-Louis Borloo (Ecologie). “Ce qui est important, c’est que ça soit juste socialement, que ce soit efficace et qu’il y ait de la progressivité”, a-t-il ajouté en marge de la présentation au ministère d’un véhicule électrique BMW.
Mardi soir, le bureau national du PS avait dit oui à “une contribution climat énergie” mais pas telle que voulue par le gouvernement, étendue notament “à toutes les sources d’énergie, y compris l’électricité”.
Jeudi, Ségolène Royal a continué de son côté à fustiger une taxe “inefficace écologiquement et qui prend du pouvoir d’achat aux Français”. “Il y a d’autres solutions” en matière de fiscalité écologique, “comme le bonus/malus, la règle du pollueur-payeur et la taxation des supers profits des compagnies pétrolières également”, a-t-elle argumenté. Son ancien lieutenant Manuel Valls l’a exhorté à “refuser tout populisme”.
L’ex-Premier ministre Laurent Fabius a parlé d’un “impôt Sarkozy”. Il plaide lui aussi pour “une fiscalité qui couvre toutes les sources”, “à un niveau qui permette le changement des comportements” et “intégralement redistribuée”.
Les écologistes ont estimé qu’à 14 euros par tonne de CO2, “la contribution perd toute efficacité”, plaidant, comme M. Valls, pour un taux plus “élevé” et voulant, eux aussi, l’intégration de l’électricité dans l’assiette de calcul.
Déçu par le montant initial évoqué par M. Fillon, l’écologiste Nicolas Hulot a estimé qu’arriver au sommet sur le climat à Copenhague “avec la tonne de CO2 à 32 euros, ça aurait de la gueule”.
Hervé Novelli (PME) n’a pas exclu une “compensation” pour les entreprises “les plus affectées” par la mise en place de la taxe, dans laquelle Laurence Parisot (Medef) redoute un nouveau “fardeau” pour les entreprises.
Parallèlement, M. Sarkozy a annoncé qu’il allait demander à l’UE de se doter “d’une taxe carbone aux frontières”.