Il est “prématuré” de proclamer la fin de la crise, estime Jean-Claude Trichet

[04/09/2009 12:42:33] FRANCFORT (AFP)

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ésident de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, le 2 juillet 2009 à Luxembourg (Photo : Johanna Leguerre)

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a jugé vendredi “prématuré” de proclamer la fin de la crise après les signes d’amélioration récents de l’économie en zone euro.

“Actuellement, le besoin d’un soutien aux crédits demeure”, a-t-il déclaré lors d’un colloque rassemblant analystes et journalistes à Francfort (ouest de l’Allemagne).

La BCE entend donc maintenir ses mesures exceptionnelles visant à aider les banques à se refinancer à bon marché pour les encourager à prêter davantage, alors que les craintes d’une pénurie du crédit restent vives.

Le principal taux directeur est fixé depuis mai au niveau historique de 1% et les établissements peuvent emprunter auprès de la BCE des montants illimités à ce taux avantageux.

La veille, M. Trichet avait estimé que la période de “forte contraction de l’économie était terminée”, façon d’annoncer la fin prochaine de la récession. Mais il avait mis en garde contre un excès d’optimisme, soulignant que la relance s’annonçait laborieuse et “irrégulière”.

Le temps n’est pas encore venu d’appliquer une stratégie de sortie de crise, a-t-il réaffirmé. “Mais je veux dire clairement que la BCE a une stratégie de sortie et que nous sommes prêts à la mettre en oeuvre” quand cela sera nécessaire, a-t-il dit.

“Souligner l’importance d’une stratégie de sortie ne doit pas être confondu avec sa mise en oeuvre”, a-t-il assuré.

Le choix de la date sera délicat, du point de vue économique et politique.

Si la BCE resserre trop tôt ses taux directeurs, elle prend le risque d’étrangler la reprise. Mais si elle agit trop tard, ce sont les dangers d’inflation qui menacent, étant donné la masse des liquidités injectées sur les marchés.

Les économistes et les marchés s’attendent à une remontée des taux après la deuxième moitié de l’an prochain, à un moment où le chômage sera en pleine progression. La BCE risque alors de s’attirer les foudres des pouvoirs politiques.

Une baisse de taux paraît en revanche désormais très improbable. Le risque de déflation, dangereuse spirale à la baisse des prix, a “virtuellement disparu” en zone euro, a ainsi estimé vendredi le chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE) Jürgen Stark, le commentaire le plus tranché produit jusqu’ici par un banquier central européen sur le sujet.

“Dès qu’apparaîtront des risques pour la stabilité des prix dans un contexte d’amélioration de l’environnement économique, il sera temps de retirer le soutien de la politique” monétaire, a-t-il ajouté au cours du même colloque.

Mais il a reconnu que la tâche ne sera pas aisée. Identifier les tournants conjoncturels est “en général très difficile, mais c’est encore plus exigeant actuellement étant donné les incertitudes croissantes concernant le caractère durable de la reprise économique”, a expliqué M. Stark.

Selon Jean-Claude Trichet, les outils à disposition de la BCE lui permettent d’agir rapidement si nécessaire et surtout d’être flexible. De nombreux économistes estimaient que l’institution allait dans un premiers temps retirer les liquidités en surabondance sur le marché, consécutives à ses mesures exceptionnelles d’injection de “cash”, avant de remonter ses taux d’intérêt directeurs.

Mais “nos règles permettent aux taux d’intérêt à court terme d’être modifiés tout en conservant des mesures non conventionnelles en place si le besoin de soutenir le crédit demeure”, a souligné M. Trichet.