G20 Finances : Bonus et après-crise au menu, l’UE et les USA pas en phase

[04/09/2009 17:41:22] LONDRES (AFP)

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Pays membres du groupe G20 (Photo : Martin Megino)

L’Europe et les Etats-Unis vont confronter leurs divergences sur les moyens de limiter les bonus des banquiers et discuter des moyens de sortir, sans dommage, des plans de relance mis en place contre la crise, lors d’une réunion des ministres des Finances du G20 vendredi et samedi à Londres.

La présidence suédoise de l’UE a également annoncée la convocation le 17 septembre d’une réunion extraordinaire des dirigeants européens afin notamment de trouver un position commune sur la limitation des bonus bancaires, en vue du prochain sommet mondial du G20 prévu les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, aux Etats-Unis.

L’Europe a continué jeudi et vendredi à dérouler “le rouleau compresseur”, selon l’expression de la ministre française Christine Lagarde, pour convaincre les Etats-Unis et les autres Etats membres du G20 d’adopter des mesures très fermes, et “internationales” afin d’encadrer ou de limiter les bonus des banquiers.

Avec la France en pointe sur cette question très sensible pour les opinions publiques, l’Union européenne se démène pour mettre le sujet au coeur du débat, ce week-end et au G20 des chefs d’Etat à Pittsburgh aux Etats-Unis les 24 et 25 septembre.

Jeudi, une lettre commune du président Nicolas Sarkozy, de la chancelière allemande Angela Merkel et du Premier ministre Gordon Brown a appelé à des “règles obligatoires” en matière de rémunération pour les plus grandes banques.

Vendredi, sept ministres européens des Finances (France, Suède, Pays-Bas, Luxembourg, Espagne, Allemagne et Italie) ont appelé leurs collègues du G20 à se “joindre à eux” pour “mettre un terme à la culture du bonus”.

Hôte de la réunion, le Royaume-Uni, à la tête de la plus belle place financière européenne, a une attitude un peu ambiguë dans ce débat, reconnaissant l’importance d’avoir de bons principes en matière de rémunération, mais rechignant à limiter les bonus, pour ne pas faire fuir les meilleurs éléments.

Ainsi, dans la lettre commune, M. Brown souhaite avec ses collègues qu’on “examine les moyens de limiter” ces bonus, en pourcentage des salaires totaux ou du bénéfice de l’entreprise. Mais vendredi le ministre des Finances Alistair Darling s’est montré sceptique. “Personnellement, je ne pense pas que ça marcherait, parce que si on limite les bonus les gens se paieront tout simplement plus en salaire”, a-t-il déclaré sur BBC Radio Scotland.

Il rejoint cependant Mme Lagarde pour souligner “qu’il vaut mieux avoir des mesures agréées internationalement” sur cette question.

Le problème est que pour les Etats-Unis, les bonus sont “un non-sujet”, selon un officiel européen. Comme il l’explique vendredi dans une tribune au Financial Times, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner vient à Londres pour convaincre ses collègues d’adopter des mesures de renforcement du capital des banques. C’est cela, et pas autre chose, qui est selon lui “la manière la plus efficace d’empêcher le monde de revivre les évènements de l’automne dernier”.

Le grand sujet sera aussi de savoir comment mettre fin, un jour ou l’autre, aux mesures de relance exceptionnelles, se comptant en milliers de milliards de dollars, mises en place depuis l’an dernier.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, a exhorté vendredi les gouvernements à avoir des stratégies de sorties prêtes, faute de quoi “ils risquent de saper la confiance et le processus de reprise lui-même”.

Mme Lagarde, tout en estimant que “nous sommes toujours en crise”, a espéré que le G20 serait “aussi bon dans la coordination d’une réduction lente et graduelle des stimulus” qu’il a été “bon dans la coordination des stimulus, des politiques budgétaires et monétaires” depuis le début de la crise.

Vendredi, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a assuré que la BCE a déjà “une stratégie de sortie” et qu’elle est “prête à la mettre en oeuvre” quand ce sera nécessaire. Mais le chef économiste de l’institution Jürgen Stark a reconnu que fixer le moment ne serait pas tâche facile.