L’économie russe entrevoit la fin de la tempête

photo_1252231494156-1-1.jpg
étrolier russe (Photo : Tatyana Makeyeva)

[06/09/2009 10:08:17] MOSCOU (AFP) Au grand soulagement de ses dirigeants, la Russie commence timidement à émerger de la crise économique qui l’a frappée de plein fouet, mais les leçons de la première tempête de l’ère Vladimir Poutine semblent loin d’être tirées.

Le pays, qui a échoué à mettre en place des réformes structurelles ces dix dernières années alors qu’il connaissait un boom économique sans précédent, a été touché bien plus violemment que toutes les autres économies émergentes, à l’exception de la Turquie.

La gravité de la récession a sapé ses ambitions d’être un acteur de poids dans le groupe des pays émergents du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), dont l’objectif est de rivaliser avec les pays développés occidentaux.

Car les taux de croissance du Brésil, l’Inde et la Chine ont été bien moins affectés par la crise que celui de la Russie.

“Le brutal atterrissage de la Russie révèle la faiblesse majeure d’un modèle de croissance économique basé sur des exportations de matières premières et des afflux massifs de crédits étrangers”, juge Jean-Michel Six, économiste à l’agence de notation financière de Standard and Poor’s.

“Les économistes ne devraient-ils pas maintenant parler des BIC plutôt que des BRIC?”, s’interroge-t-il.

photo_1252231433919-1-1.jpg
ï Koudrine à Londres, le 4 septembre 2009 (Photo : Geoff Caddick)

Le produit intérieur brut (PIB) russe a chuté de 9,8% au premier trimestre sur un an, et de 10,9% au deuxième trimestre. Parmi les principales économies émergentes, seule la Turquie a fait pire avec un plongeon de 13,8% au premier trimestre.

De quoi déstabiliser une population qui avait été habituée à des taux de croissance éloquents depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, après le traumatisme du défaut sur la dette en 1998.

Mais le PIB a augmenté de 7,5% au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre. Et le gouvernement anticipe désormais une sortie de crise au troisième trimestre.

“Notre pronostic, c’est une croissance de l’économie au troisième trimestre par rapport au deuxième. Le pays sortira alors de la récession”, a déclaré vendredi le ministre des Finances Alexeï Koudrine à Londres.

La production du géant gazier Gazprom remonte, les hausses d’allocations chômage et des retraites ont stimulé la consommation, tandis que les banques sont moins réticentes à prêter.

“Les bourgeons ont trouvé un sol fertile et sont maintenant clairement visibles. Mais l’hiver nordique est connu pour être instable et les bourgeons peuvent être détruits avec le retour du gel”, prévient Alexeï Moissieïev, chef de la stratégie chez Renaissance Capital.

L’inflation, qui pour la première fois depuis quatre ans est restée nulle en août par rapport au mois précédent, a aussi soulagé un peu l’économie.

photo_1252231613630-1-1.jpg
ée au dessus d’un logo de Gazprom pour l’ouverture d’un gazoduc, le 26 août 2009 en Ossétie du Nord (Photo : Kazbek Basayev)

Mais surtout, la Russie a été aidée par la remontée des prix du pétrole, qui tournent autour de 70 dollars le baril après avoir plongé à 33 dollars en décembre 2008, alors que les hydrocarbures comptent pour environ 60% des revenus tirés des exportations et 20% du PIB.

“Notre économie est basée sur les hydrocarbures et si le prix du pétrole reste élevé, les leçons de la crise seront bien vite oubliées”, mettait en garde vendredi le quotidien russe Vedomosti.

Par ailleurs, les programmes de soutien de la consommation du gouvernement vont creuser un trou béant dans le budget, qui devrait connaître un déficit de 8% du PIB cette année.

Pour financer ce dernier, l’Etat a puisé des dizaines de milliards de dollars dans ses Fonds de réserve et de prospérité nationale, où il stocke les recettes de ses exportations de pétrole.

Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a d’ailleurs prévenu en avril que le Fonds de réserve serait presque entièrement dépensé en 2010.