Nokia en quête de parades face à la percée de ses concurrents

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Logo de Nokia (Photo : Stan Honda)

[06/09/2009 19:56:08] HELSINKI (AFP) En perte de vitesse, le numéro 1 mondial des téléphones mobiles, Nokia, cherche la parade à la percée de ses nouveaux concurrents, le Blackberry du canadien RiM et surtout l’iPhone de l’américain Apple, mais la bataille est loin d’être gagnée, selon les analystes.

De nouveaux smartphones à écrans tactiles, un mini-ordinateur portable, un partenariat avec Microsoft pour adapter les logiciels Office à ses téléphones, des services: Nokia a multiplié les annonces de lancements depuis deux semaines.

Le géant finlandais a en effet vu sa position de leader écornée ces derniers mois. Sur le segment très lucratif des smartphones, ces mobiles multimédia permettant notamment de surfer sur internet ou de regarder des vidéos, sa part de marché a baissé en un an de 47,4% à 45%.

Dans le même temps, Apple bondissait de 2,8% à 13,3% et RiM progressait de 17,3% à 18,7%, selon les chiffres du cabinet Gartner pour le deuxième trimestre.

Sur le marché global, Nokia a par ailleurs reculé de 39,5% à 36,8%, même s’il reste encore loin devant les coréens Samsung (19,3%) et LG (10,7%), respectivement deuxième et troisième.

Parmi les raisons de ce déclin, le finlandais s’est vu reprocher d’avoir raté plusieurs virages importants de l’industrie du téléphone mobile, notamment celui des écrans tactiles, un créneau où il n’a débarqué que fin 2008, longtemps après LG, Samsung ou Apple.

Pour les analystes interrogés par l’AFP, Nokia n’a d’ailleurs pas encore conçu un produit capable de faire vraiment concurrence à l’iPhone, qui a bouleversé le secteur.

Son nouveau smartphone haut de gamme N97, qui se voulait une réponse au produit-phare d’Apple, a suscité un enthousiasme modéré: selon Gartner, Nokia n’en avait vendu début août que 500.000 depuis son lancement en juin, à comparer au million d’unités de l’iPhone 3G S écoulées pour son premier week-end.

Le système d’exploitation des téléphones Nokia, Symbian, jugé trop compliqué, est dans la ligne de mire.

“Il va leur falloir attendre 2011 pour disposer du logiciel adéquat pour faire un produit vraiment compétitif”, estime un analyste de Nomura, Richard Windsor.

“Trouver le bon produit haut de gamme et se focaliser sur les services et le contenu est vital pour Nokia, pour donner un coup de jeune à sa marque et satisfaire les investisseurs avec de meilleures marges”, souligne pour sa part une analyste chez Gartner, Carolina Milanesi.

Nokia est en effet arrivé tardivement sur le marché des applications (sonneries, vidéos, jeux et autres gadgets internet) en ligne, pris de vitesse par Apple, son App’Store et son marketing.

Ses efforts de diversification en interne dans le jeu vidéo ou la musique (“Comes with Music”) ont été retardés ou n’ont pas eu le succès escompté.

Pour tenter de redresser la barre et garder la main sur les services, Nokia multiplie les partenariats. Outre celui avec Microsoft sur Office et son nouveau mini-PC portable, le “Booklet 3G”, Nokia va collaborer avec Linux et Facebook.

“Ils ont réalisé que, pour certaines choses, cela a un sens de s’associer à quelqu’un”, observe un analyste à CCS Insight, Ben Wood, qui croit à une stratégie d’ensemble.

“Nokia ne peut pas créer un unique produit pour battre Apple ou Google. Il doit créer un ensemble entre ses téléphones et les applications qui vont avec, qui soit tellement imbattable que le client se dise: +Je veux tout cet ensemble+”, souligne-t-il.

La crise économique ne rend néanmoins pas la chose aisée: dans un marché attendu en baisse cette année après six ans de croissance ininterrompue, le bénéfice net du groupe aux 1,1 milliard de clients a plongé de 66% au deuxième trimestre, tandis que le chiffre d’affaires a chuté de 25%.