L’UE divisée sur les moyens de faire face à la crise du secteur laitier

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çais et néerlandais de l’Agriculture, Bruno Le Maire et Gerda Verbug le 7 septembre 2009 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[07/09/2009 19:01:13] BRUXELLES (AFP) L’Europe peine à se mettre d’accord sur les moyens de répondre à la crise que traversent les producteurs de lait, divisée entre partisans d’une nouvelle forme de régulation pour protéger le secteur, emmenés par la France et l’Allemagne, et pays prônant la libéralisation.

Lundi, lors d’une réunion à Bruxelles des ministres de l’Agriculture de l’UE, Paris et Berlin, ont réussi à rallier une majorité de pays membres, 16 sur 27, à l’idée “de nouvelles formes de régulation à l’échelle européenne” pour que “le secteur laitier ne dépende pas seulement des seules règles du marché”.

Ils souhaitent maintenir des instruments de soutien des prix importants. Et ce dans la perspective de la suppression du régime des quotas (plafonds) de production en Europe à l’horizon 2015.

“Nous avons fait bouger les lignes sur la nécessité d’obtenir une régulation européenne du marché du lait”, a affirmé le ministre français Bruno Le Maire à la presse.

Mais une importante minorité d’Etats ne s’est pas associée à cet appel. Elle inclut la présidence suédoise de l’UE et la plupart des pays du Nord de l’Europe, traditionnellement favorables à une libéralisation de l’agriculture.

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à Nantes le 10 juin 2009 (Photo : Frank Perry)

Ils ont à leurs côtés la Commission européenne, qui a rejeté une bonne partie des propositions franco-allemandes lors de la réunion, sur les aides à l’exportation ou les mécanismes de soutien aux prix. “Ne réintroduisons pas ce que nous venons de supprimer”, a dit aux ministres la commissaire à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, selon un participant.

La commissaire danoise s’est aussi fermement opposée à une autre idée franco-allemande: un gel de la hausse programmée des quotas européens l’année prochaine. Certains agriculteurs voient dans l’augmentation des plafonds de production (et leur disparition programmée) une cause de la chute des prix, ce que réfute Bruxelles.

“Pas de suspension”, a tranché Mme Fischer Boel, car cela ne “mènerait nulle part”.

Du coup, la ministre allemande, Ilse Aigner, qui se trouve en pleine campagne électorale législative dans son pays, est sortie beaucoup moins satisfaite que son collègue français de la réunion.

Elle a parlé d'”un échec de l’Union européenne”, reprochant à Bruxelles d’avoir rejeté toutes les propositions. “Cette absence de marge de manoeuvre n’est pas compréhensible”, a-t-elle déploré.

Seules quelques mesures d’aides limitées devraient être prochainement adoptées en faveur du secteur laitier comme l’octroi facilité d’aides publiques nationales aux exploitants en difficulté (ce qui potentiellement pourrait permettre de verser jusqu’à 15.000 euros à chaque producteur d’ici fin 2010).

Mais sur la question d’un maintien d’une régulation forte, le clivage reste entier.

La ministre néerlandaise, Gerda Verburg, a rejeté le projet franco-allemand au motif qu’elle est “favorable à un libre marché laitier”.

On voit très bien qu’il y a un clivage Nord-Sud au niveau des positions sur l’agriculture, les pays du Sud étant des grands défenseurs de l’exception agricole, de la régulation du marché”, a résumé le Belge Benoît Lutgen, ministre wallon de l’Agriculture.

Environ 800 agriculteurs belges ont manifesté lundi à Bruxelles en marge de la réunion, alors que cette semaine les producteurs les plus déterminés doivent décider du déclenchement une “grève du lait” à l’échelle européenne.

Le problème est que la profession est elle-même divisée sur l’attitude à adopter. Le principal syndicat agricole français, la FNSEA, juge ainsi qu’une telle grève serait “une aberration”.