[10/09/2009 13:10:32] PARIS (AFP)
éleveur laitier nourrit ses vaches, le 9 septembre 2009 dans son exploitation au Rheu. Jean-Yves Gallais prendra part à la grève du lait qui doit débuter dans les prochains jours, pour protester contre la baisse les cours du lait. (Photo : Marcel Mochet) |
Des producteurs français de lait ont appelé jeudi, aux côtés de leurs collègues européens, à une grève “dès ce soir”, pour dénoncer, après plus d’un an de crise dans le secteur, l’effondrement du prix du lait et la dérégulation du marché décidée par Bruxelles.
“J’appelle tous les producteurs français et européens à suspendre leur livraison de lait dès la traite de ce soir”, a déclaré Pascal Massol, président de l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI), membre français de la Fédération des producteurs européens de lait (EMB).
Il s’exprimait aux côtés d’autres responsables des organisations membres de l’EMB, qui revendique plus de 100.000 producteurs de lait dans 14 pays européens, devant plusieurs centaines de producteurs de lait venus en bus de toute la France et de pays européens sur l’esplanade des Invalides.
“On est en train de décapiter la production laitière européenne. Je ne peux pas croire que l’Europe n’entende pas notre appel”, a ajouté M. Massol.
D’autres pays, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, ont dit soutenir ce mouvement, ne pouvant officiellement appeler à la grève dans leur pays, en raison de décisions prises par les autorités chargées de la concurrence.
à une distribution de lait organisée par la Confédération paysanne Aquitaine, le 31 août 2009 à Bordeaux (Photo : Pierre Andrieu) |
“Nous sommes solidaires des Français”, avait auparavant affirmé à l’AFP le président de l’EMB Romual Schaber qui dirige également la Confédération des producteurs laitiers (BDM) allemande.
“Nous ne pouvons pas appeler officiellement à la grève mais ce sont les producteurs, que l’on réunit ce soir, qui vont décider s’ils vont faire la grève”, a expliqué à l’AFP Erwin Schöpges, président du MIG, organisation belge membre de l’EMB.
Cet appel intervient après l’échec d’une réunion lundi à Bruxelles où les pays européens ont affiché leurs divisions entre les partisans d’une libéralisation du marché et ceux, comme la France et l’Allemagne qui soutiennent une régulation afin d’assurer une stabilité des prix.
Les producteurs ont déjà mené plusieurs actions de protestation, parfois violentes, notamment en France et en Allemagne et à Bruxelles, fustigeant la décision européenne de supprimer les quotas de production d’ici 2015, la surproduction étant selon eux à l’origine de l’effondrement des prix.
“On va commencer ce soir ou demain. Je suis prêt à tenir le temps qu’il faut. On ne nous écoute pas. Tous nos syndicats sont plus politiques qu’autre chose”, a affirmé Jean-François Duriel, 31 ans, Fresville (Manche) qui brandissait une pancarte où était écrit “Agriculture libérale, faillite radicale”.
“Le prix du lait a baissé et les éleveurs ne peuvent pas s’en sortir. Nous, en tant que fournisseur d’aliments du bétail, ne sommes plus payés et c’est toute la profession qui en pâtit”, relevait aussi une agricultrice de 26 ans.
Fondée en 2006, l’EMB regroupe des organisations de producteurs en France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Danemark, Irlande, Italie, Luxembourg, Croatie, Autriche, Suisse, Espagne, Suède, Royaume-Uni.