à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[10/09/2009 14:20:33] PARIS (AFP) Le PDG de Veolia Environnement, Henri Proglio, faisait figure de favori jeudi dans la bataille pour la présidence du groupe public EDF, mais les conditions que ce dernier aurait posé à sa nomination laissent la porte ouverte à un rebondissement de dernière minute.
L’Elysée aurait officiellement demandé à Henri Proglio, 60 ans, de prendre la présidence du premier producteur d’électricité en Europe, avancent plusieurs médias jeudi, citant des sources anonymes.
Mais ce proche de Jacques Chirac aurait posé deux conditions: conserver la présidence non-exécutive de Veolia et opérer un rapprochement plus poussé entre EDF et Veolia, qui partagent déjà une filiale commune (Dalkia).
A Bercy, à l’Elysée, et dans les deux entreprises, on se refuse à tout commentaire officiel.
Dans l’entourage d’Henri Proglio, on reconnaît cependant que des “contacts” ont été pris avec l’Etat, mais que le PDG de Veolia est “très attaché” à son entreprise, où il est entré à 22 ans en répondant à une petite annonce.
M. Proglio dispose de deux atouts de poids pour prendre la tête d’EDF: il connaît bien le groupe, siégeant à son conseil d’administration depuis 2004, et il bénéficie des faveurs de la très écoutée CGT de l’énergie.
Le syndicat loue en effet “la vision industrielle” du PDG de Veolia et sa “politique de formation pour les jeunes”, alors que l’actuel PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, est au contraire décrit comme un “financier” qui a créé un dialogue social tendu au sein de l’entreprise publique.
Pourtant, les chances de Pierre Gadonneix d’être reconduit ne sont pas nulles, souligne-t-on en interne, tant les luttes de succession pour la présidence d’EDF peuvent connaître des dénouements inattendus.
M. Gadonneix pâtit surtout de ses demandes de hausse des tarifs de l’électricité en début d’été, qui lui avaient valu de sévères remontrances du gouvernement.
“A tort ou à raison, il semblerait que les lignes de conduite” qu’il a impulsées à EDF “n’aient pas été perçues comme une véritable et claire stratégie” par l’Elysée, affirme Patrice Lambert de Diesbach, analyste au CM-CIC.
“Peu ou prou, son sort dépendra de la décision d’Henri Proglio”, estime-t-il.
Pour compliquer la situation, les candidats alternatifs ne manquent pas, selon la presse, qui a récemment cité un bonne partie des dirigeants du CAC 40 et de la classe politique.
Parmi les noms revenant le plus souvent: le vice-président de GDF Suez, Jean-François Cirelli, la présidente d’Areva, Anne Lauvergeon, le PDG d’Alstom, Patrick Kron, ou le conseiller spécial de l’Elysée, Henri Guaino.
Le suspense devrait prendre fin le 23 septembre, date de la prochaine réunion du conseil d’administration d’EDF. Mais il peut en théorie durer jusqu’à la fin du mandat de Pierre Gadonneix le 22 novembre.
Les successions à la tête d’EDF donnent souvent lieu à des batailles épiques.
En 2004, le PDG sortant François Roussely, nommé par la gauche, avait ainsi reçu le soutien de Nicolas Sarkozy et de Jacques Chirac à sa reconduction. Mais le Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, s’y était opposé, lui préférant Francis Mer.
Pour faire passer son candidat, âgé de 65 ans, M. Raffarin était allé jusqu’à faire voter un amendement supprimant la limite d’âge pour les dirigeants d’entreprise publique. Mais l’amendement avait été censuré par le Conseil Constitutionnel.
Sollicité, Henri Proglio avait décliné le poste. Et c’est finalement Pierre Gadonneix, alors PDG de GDF, qui l’avait emporté. In extremis.