Réunion de l’Opep : un statu quo et des signaux contradictoires sur la reprise

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ésident de l’Opep José Maria Botelho de Vasconcelos ouvre la réunion du cartel, le 9 septembre 2009 à Vienne (Photo : Joe Klamar)

[10/09/2009 15:57:26] VIENNE (AFP) Les pays de l’Opep, qui ont sans surprise laissé leur production de pétrole inchangée jeudi à Vienne, ont envoyé ces derniers jours des signaux contradictoires sur la reprise économique et sur l’état du marché de l’or noir.

Au terme d’une réunion achevée au petit matin pour cause de Ramadan, les membres du cartel ont maintenu l’objectif global de production de 24,84 millions de barils par jour (mbj) qu’ils s’étaient fixé fin 2008 pour enrayer la chute vertigineuse du baril, tombé à 32 dollars en décembre.

Alors que l’or noir dépasse aujourd’hui les 70 dollars, les ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont relayés ces derniers jours pour se réjouir de l’état du marché et de la fin imminente de la crise.

Assailli par les journalistes à chacune de ses apparitions publiques, le chef de file du cartel, le Saoudien Ali al-Nouaïmi, avait décrit mardi un marché “en bonne forme” et des “prix bons pour tout le monde”, rejoint par l’ensemble de ses homologues.

Point d’orgue de ce concert d’optimisme, le président en exercice de l’organisation, l’Angolais José Maria Botelho de Vasconcelos, avait ouvert la réunion finale de mercredi en clamant que “les jours les plus sombres” de la récession étaient “derrière nous”.

Le communiqué final n’a pourtant guère relayé ces signaux d’espoir. Dans ce texte, l’organisation dépeint un marché pétrolier “toujours suralimenté” et relève les “grandes inquiétudes (…) sur le rythme et l’ampleur de (la) reprise, spécialement dans les grandes nations industrialisées”.

Le ministre équatorien du Pétrole Germanico Pinto a récusé toute “contradiction” jeudi matin, expliquant que “les grandes économies sont en train de sortir de la récession” mais que “cela ne signifiait pas que la situation (était) optimale”.

Selon les analystes, cette valse-hésitation traduit surtout l’ampleur des zones d’incertitudes qui planent encore sur l’économie mondiale, en termes de chômage ou de reprise de la demande.

Avec d’un côté des stocks pétroliers trop abondants, qui pourraient faire chuter les prix, et de l’autre la perspective d’un pic hivernal de consommation, susceptible de stimuler les cours, le marché pourrait connaître de violentes fluctuations, soulignent les experts.

“Les prochains mois vont être des périodes critiques de montagnes russes, où tout le monde devra s’accrocher”, a commenté Jason Schenker, analyste chez Prestige Economics.

Autre contradiction manifeste: alors que plusieurs ministres ont martelé que le respect des baisses de production (4,2 mbj) décidées fin 2008 était indispensable pour stabiliser le marché, la déclaration finale de l’Organisation ne contient aucun appel à la discipline et le terme quota n’y figure même pas.

“Le respect des quotas est la question clé”, souligne pourtant Andrey Kryuchenkov, analyste chez VTB Capital. “L’Opep sait qu’elle peut contrôler ses capacités de production” mais la question est “qui fait quoi”, a-t-il ajouté, en référence aux Etats qui n’ont pas les moyens de rogner sur leurs ressources pétrolières comme l’Iran, le Venzuela et l’Angola.

Avant la réunion, certains ministres avaient pourtant fixé des objectifs chiffrés, le ministre koweïtien appelant de ses voeux un taux de respect des baisses de 75%, contre 68% actuellement.

“L’Opep doit faire en sorte que les engagements soient respectés à 100%” pour éviter un engorgement du marché, relève l’analyste indépendant John Hall qui estime même qu’en occultant le sujet des quotas, “l’organisation a vu sa crédibilité entamée”.

Pressé de s’expliquer sur ce point, le secrétaire général de l’organisation Abdallah el-Badri a botté en touche.

La prochaine réunion de l’Opep aura lieu le 22 décembre à Luanda (Angola).