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[12/09/2009 10:23:25] NEW YORK (AFP) Pour les investisseurs, le doute n’est plus permis: la reprise est bien là et ses manifestations de plus en plus nombreuses propulsent les grandes places financières mondiales à des niveaux inédits cette année, laissant sur leur chemin une victime, le dollar.
“C’est presque comme si la plus grosse bulle du crédit dans l’histoire n’avait jamais existé”, s’est étonné dans une note Albert Edwards de la Société Générale. “Les investisseurs sont de plus en plus convaincus qu’une reprise durable de l’économie mondiale émerge des décombres.”
A New York, le Dow Jones, indice vedette de la première place financière mondiale, a fini jeudi au-dessus des 9.600 points, à son plus haut niveau depuis l’élection de Barack Obama le 4 novembre 2008. L’indice a rebondi de plus de 45% depuis ses planchers de début mars, mais reste sur une baisse de plus de 30% par rapport à ses records d’octobre 2007.
La veille à Paris, le CAC 40 avait franchi les 3.700 points, et à Londres, le Footsie 100 les 5.000 points, des niveaux que ces indices n’avaient plus atteints depuis octobre.
“La résistance des marchés boursiers indique un fort et croissant appétit pour le risque”, juge Vassili Serebriakov, qui suit le marché des changes pour la banque Wells Fargo.
Dommage collatéral de ce regain de confiance: un accès de faiblesse de la monnaie américaine, qui avait profité au plus fort de la crise de son aura de valeur refuge.
La devise européenne a brisé cette semaine le seuil de 1,45 dollar pour la première fois depuis décembre dernier.
Autre conséquence de ce mouvement: les matières premières se renchérissent, alors que les investisseurs voient la production industrielle repartir et que l’affaiblissement de la devise américaine les rend plus attractives.
Le pétrole a ainsi enregistré jeudi sa quatrième séance de hausse consécutive à New York, et la semaine a été marquée par une poussée de l’or au-dessus de 1.000 dollars l’once pour la première fois en six mois.
Reste que l’euphorie du printemps semble loin, et que les indices boursiers ne progressent plus qu’au rythme de séances souvent indécises.
“Cela ressemble à un ennuyeux marché haussier, et c’est vraiment ce que c’est”, estimait cette semaine Hugh Johnson, responsable des investissements à Johnson Illington Advisors.
Certains investisseurs semblent en effet lever le pied alors que, paradoxalement, sur le front macroéconomique, les signes de reprise se font de plus en plus clairs, aux Etats-Unis comme en Europe.
“Les gens sont optimistes pour le troisième trimestre, mais se demandent toujours quelle part (de la reprise) provient des mesures de relance, et quelle part est organique, et constitue une vraie croissance durable”, estime Marc Pado, analyste à Cantor Fitzgerald.
“Quand je parle à mes clients, ils n’ont pas envie de s’engager à fond”, reconnaît Gregori Volokhine, responsable de la stratégie actions chez Meeschaert New York.
La reprise arrivée, le marché se tourne vers la suite, et les sources d’incertitude restent nombreuses: vigueur de la croissance, impact de la montée du chômage et de l’explosion des déficits publics, sort de la réforme de l’assurance maladie aux Etats-Unis…
“Il y a de la conviction, mais zéro émotion”, constate Mace Blicksilver, qui dirige le gestionnaire d’actifs Marblehead Asset Management.
“Tout le monde attend que quelque chose de nouveau arrive”, ajoute-t-il. “Ce qui me rend prudent, ce sont les changements à Washington. Le moteur du marché haussier entre 1992 et 2000, c’était des baisses d’impôts et moins de régulation, et on a maintenant exactement le contraire.”