«Je trouve illogique que certains se permettent d’émettre des jugements de
valeur aussi dénués de consistance comme celui de dire que nos jeunes sont
des “surdiplômés sous-qualifiés”, il n’y a qu’à voir comment le World
Economic Forum de Davos juge la qualité de l’enseignement dans notre pays,
non seulement nous sommes bien placés mais nous sommes dans le premier rang
des pays les mieux notés en la matière». Cette réponse a été apportée par le
ministre de l’Enseignement supérieur lors d’une conférence de presse
organisée le 11 septembre 2009 à l’occasion de la rentrée universitaire.
Pour le ministre, ceux qui se plaignent du niveau de qualification des
jeunes devraient plutôt leur accorder leur confiance et parier sur leur
intelligence et non pas se mesurer à eux.
Quant à la question de savoir si l’enseignement supérieur est adapté au
marché de l’emploi, c’est un problème universel, a précisé le ministre, et
qui est vécu par tous les pays du monde.
Ceci étant, le ministre s’est montré ouvert à toutes les propositions
constructives qui visent à tirer le meilleur parti des jeunes. Il s’est dit
convaincu de la nécessité de continuer à fournir les efforts qu’il faut pour
garantir la meilleure formation et le meilleur enseignement aux diplômés des
universités tunisiennes.
Renforcer la recherche au sein des universités
Il faut reconnaître qu’avec 1,25% du PIB consacré à la recherche et
l’innovation, les universités ont mieux à faire que se restreindre à former
des armées de jeunes diplômés à destination du marché du travail classique.
Ce qui est important, c’est plutôt d’encourager la naissance d’une élite de
chercheurs qui pourront placer la Tunisie dans une position respectable dans
le domaine de la recherche à l’instar des positions occupées par le pays
dans d’autres thématiques au Forum de Davos.
Désormais, ce sont des centres de recherche intégrés avec des
contrats-programmes d’une durée de vie de quatre ans. Chaque centre mettra
en place des programmes correspondant aux priorités nationales en se basant
sur les stratégies de développement du pays et les programmes présidentiels.
Tous ces centres seront soumis à l’appréciation d’un comité national
d’évaluation des activités de la recherche qui jugera de la pertinence des
choix effectués par les centres. Premier objectif: atteindre une masse
critique de chercheurs et matérialiser les priorités nationales.
Les centres de recherche doivent également permettre de consolider les
relations avec les milieux entrepreneuriaux dans un souci d’efficacité
économique. C’est pour répondre à ce genre d’impératif que la gestion des
pôles technologiques a été confiée à des entreprises privées et qu’on
encourage la création de pépinières d’entreprises au sein des universités.
D’autre part, on procèdera dorénavant à renforcer encore plus les branches
d’enseignement, telles les écoles préparatoires d’ingénieurs, les langues
appliquées, la pharmacie, la médecine dentaire et autres.
La réforme des études en ingénierie sera amorcée au mois de novembre, les
experts et les professionnels y seront associés tout comme on renforcera les
licences mixtes dont la formation ainsi que le contenu des programmes sont
assurés par des universitaires et des professionnels. 41 licences sont
concernées par cette orientation «et ça n’est que le début», précise le
ministre.
La co-diplômation entre les universités tunisiennes et leurs homologues
étrangères sera développée encore plus pour assurer une meilleure visibilité
des diplômes tunisiens à l’international et garantir leur reconnaissance.
Car à ce jour, par exemple, pour exercer en France, les médecins tunisiens
pourtant reconnus pour leurs compétences sont obligés de passer un concours
d’admission dans les hôpitaux français. A ce propos, des négociations sont
en cours avec le gouvernement français concernant le statut de la nouvelle
l’Ecole nationale d’ingénieurs de Bizerte (Campus universitaire de Menzel
Abderrahmane).
Pour la rentrée universitaire 2009/2010, 370.000 intègreront les universités
dont 75 000 nouveaux inscrits.
Dans un souci de décentralisation de l’enseignement supérieur, 133.000
étudiants rejoindront les campus universitaires des régions de l’intérieur
du pays.
Relevons à ce propos que cette orientation, qui suscite des protestations et
des critiques virulentes de la part des parents, devrait faire l’objet d’une
campagne de communication de la part du ministère. Le but est bien
évidemment de convaincre les concernés que poursuivre des études à
l’intérieur du pays ne doit pas être perçue comme une sanction. Les
universités qui accueillent les étudiants dans ces régions ne devraient pas
être perçues non plus comme des ghettos pour les moins brillants, les plus
performants ayant l’embarras du choix pour le choix de leurs universités.
Car si c’est le cas, la philosophie sur laquelle a été basé le choix de la
décentralisation sera complètement dénuée de sens.