égien Jens Stoltenberg, au QG du parti travailliste, le 14 septembre 2009 Oslo. (Photo : Heiko Junge) |
[15/09/2009 11:00:54] OSLO (AFP) Sur fond de crise économique mondiale, les Norvégiens ont opté pour la stabilité en reconduisant la coalition de gauche sortante, estimaient les commentateurs mardi, au lendemain de législatives aussi marquées par l’enracinement des populistes comme deuxième force du pays.
Aux baisses d’impôts promises par la droite, les électeurs ont préféré la protection rassurante de l’Etat-providence, une recette qui a fait ses preuves au plus fort de la crise sous la conduite du Premier ministre travailliste Jens Stoltenberg.
Lundi, son gouvernement, qui regroupe aussi la Gauche socialiste et le parti centriste, a conservé de justesse sa majorité parlementaire, avec 86 sièges sur 169, et est ainsi devenu le premier à se faire réélire en Norvège depuis 1993.
“Les Norvégiens ont tendance à choisir la sécurité plutôt que la liberté”, explique à l’AFP Frank Aarebrot, politologue à l’université de Bergen (ouest).
“Ce trait de caractère est encore plus saillant en période de crise économique”, ajoute-t-il.
Comptant parmi les principaux exportateurs d’hydrocarbures, la Norvège ressort relativement indemne de la crise.
Après une brève récession, le pays scandinave affiche aujourd’hui le taux de chômage le plus faible d’Europe (3,0%).
à Oslo le 14 novembre 2009. (Photo : Heiko Junge) |
“La façon impressionnante dont le gouvernement a géré la crise financière a vraisemblablement contribué à la victoire de la coalition +rouge verte+” sortante, estime Arne Strand, commentateur politique du journal Dagsavisen (gauche).
“En des temps économiques incertains pour le pays, nombreux sont ceux qui renâclent à se livrer à des expérimentations”, ajoute-t-il dans un éditorial.
Cette année, le gouvernement prévoit d’injecter 30 milliards de couronnes (3,5 milliards d’euros) de recettes pétrolières supplémentaires –en plus de 100 milliards de couronnes déjà inscrites dans le budget ordinaire– pour doper l’économie.
Un remède de cheval rendu possible par l’énorme bas de laine dont dispose le pays. Depuis 1996, la Norvège place ses revenus pétroliers dans un fonds de pension, créé en prévision de l’ère post-pétrole et dont la valeur atteignait 277 milliards d’euros fin juin.
Mardi, M. Stoltenberg s’est engagé à continuer sur sa lancée.
Une vue prise le 15 mai 2008 de la plateforme de gaz de Sleipner dans la mer du Nord. (Photo : Daniel Sannum-Lauten) |
“Le gouvernement va poursuivre la politique économique suivie au cours des quatre dernières années, une politique économique responsable mais aussi une politique économique où l’on est prêt à utiliser de l’argent pour garantir l’emploi”, a-t-il dit lors d’un point de presse.
Jusqu’alors, la manne pétrolière avait plutôt été un obstacle à la réélection des gouvernements.
De nombreux Norvégiens s’exaspèrent des carences de l’Etat-providence alors qu’ils sont fortement imposés et qu’ils ont le deuxième fonds souverain de la planète.
Capitalisant sur ces mécontentements, les populistes du parti du Progrès ont promis d’abroger la règle qui limite à 4% la part que l’Etat peut prélever en temps normal dans le fonds pétrolier pour équilibrer son budget.
“Investir dans les infrastructures, ce n’est pas gaspiller, c’est investir dans la croissance future”, a martelé leur présidente, Siv Jensen, pendant la campagne.
Le discours –combiné à des positions ultra-restrictives en matière d’immigration– a fait mouche auprès de 22,9% de l’électorat.
Avec 41 sièges contre 38 il y a quatre ans, le parti du Progrès a conforté sa deuxième place dans le paysage politique, derrière les travaillistes.
Selon les politologues, la gauche a aussi bénéficié du “désordre” à droite: en refusant de gouverner aux côtés du parti du Progrès, les petits partis de centre-droit –démocrates-chrétiens et libéraux– ont torpillé les chances d’un éventuel gouvernement d’alternance aux yeux des électeurs.